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Canton

Prêts Covid. une aide financière à double tranchant pour les PME fribourgeoises

Les petites entreprises pâtissent de la hausse des taux d’intérêt des crédits Covid, annoncée il y a peu

Très touchés durant le Covid, les restaurateurs font partie des PME qui doivent rembourser des crédits Covid avec des taux d’intérêt revus à la hausse.

28 avril 2023 à 04:01

Economie » «Nous avons été mis devant le fait accompli de façon abrupte», grince Sébastian Despond, directeur du restaurant Le Moderne, à Bulle. En 2020, ce dernier avait sauté sur l’aide de la Confédération, qui mettait à disposition des entreprises des crédits Covid-19 à la hauteur de 10% de leur chiffre d’affaires. Initialement, le taux d’intérêt était de 0% pour les crédits jusqu’à 500’000  francs, et de 0,5% pour ceux au-delà de ce montant.

L’article 4 de la loi fédérale sur les crédits Covid-19 indique encore que ces taux sont réévalués chaque année au 31 mars, en fonction de l’évolution du marché. Depuis le 29  mars dernier, la Confédération a décidé de rehausser ces taux à 1,5%, respectivement 2% pour les emprunts supérieurs à un demi-million.

Discrète dans un premier temps, l’annonce n’a finalement pas manqué de faire esclandre, surtout du côté des PME. «Cette aide devait être proposée à fonds perdu, mais avec le remboursement et les intérêts, ce n’est plus vraiment un grand coup de main», pèse Sébastian Despond. Particulièrement touché par la mesure, le restaurateur parle même de «poudre aux yeux», tant cette décision lui paraît inadaptée.

La surprise semble même avoir pris de court la Banque cantonale de Fribourg (BCF) qui, jeudi en fin de journée, n’avait toujours pas mis à jour les taux d’intérêt des crédits transitoires Covid-19 sur son site internet, dans la rubrique Foire aux questions.

Impression d’injustice

Du point de vue des PME, la problématique reste la même. «Tout ce que nous avons perdu durant ces deux ans, y compris dans nos propres économies, n’est pas pris en considération», déplore Sébastian Despond. Aujourd’hui, la faillite constitue une véritable épée de Damoclès pour l’établissement. «Nous étions déjà sur le fil du rasoir, et nous commencions à peine à remonter la pente. Cela nous replace dans une position délicate.»

«Tout ce que nous avons perdu durant ces deux ans, y compris dans nos propres économies, n’est pas pris en considération»
Sébastian Despond

Même son de cloche du côté de cette entrepreneure fribourgeoise, qui a monté avec son mari Actifisio, un centre de santé spécialisé en physiothérapie à Fribourg. «Nous avions 100’000 francs de prêts Covid, il nous en reste 78’000 à rembourser. Il nous est impossible de tout payer en une fois», indique Madeleine Siffert, directrice d’Actifisio.

L’entreprise avait accepté les aides proposées par la Confédération il y a trois ans afin de sauver les emplois et d’assurer les charges sociales. «Aujourd’hui, nous essuyons des pertes en cash-flow qu’il est impossible de récupérer. Nous aurons moins de bénéfice, voire quelques pertes, mais nous rembourserons, et cela s’étalera sur plus de temps que prévu, lâche l’entrepreneure. Ce n’est pas normal que nous ne soyons pas récompensés pour nos efforts tandis que de plus grandes entreprises qui ont licencié ont déjà pu rembourser leurs emprunts. Nous préférerions augmenter notre personnel plutôt que d’utiliser cet argent pour rembourser des intérêts.»

Un mauvais timing

Pour beaucoup, l’annonce n’est pas non plus survenue au bon moment, ni de la bonne manière. Madeleine Siffert a reçu mercredi une lettre de la BCF, lui annonçant l’application rétroactive des mesures du Conseil fédéral au 31  mars. «Cette décision a été prise en catimini, je ne suis pas persuadée que tous les entrepreneurs soient au courant de cette hausse», ajoute-t-elle.

«Je ne suis pas persuadée que tous les entrepreneurs soient au courant de cette hausse»
Madeleine Siffert

Une impression que partage Nadine Gobet, directrice de la Fédération patronale et économique (FPE). «On ne peut pas dire que la communication ait été optimale, commente-t-elle. La décision du Conseil fédéral et le court délai entre l’annonce et son entrée en vigueur, qui plus est avec une augmentation de 0% à 1,5%, ont créé des réactions dans les entreprises.»

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