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Canton

Recensement des oiseaux nicheurs, véritables baromètres de notre environnement

Des bénévoles ont quadrillé le canton pour recenser l’avifaune. Ils ont collecté de précieuses données

«Le milan royal est même devenu par endroits plus commun que la buse», relève le biologiste Jérôme Gremaud.

1 mars 2023 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Environnement » Des centaines de passionnés ont arpenté pendant cinq ans les forêts, montagnes, prés et marais fribourgeois dans le cadre d’un projet de science participative, initié par le Cercle ornithologique de Fribourg. Objectif: connaître la répartition des oiseaux nicheurs dans le canton, leur abondance et l’évolution des populations. Les données récoltées alimenteront l’ouvrage Oiseaux nicheurs du canton de Fribourg et de la Broye vaudoise, à paraître cet automne, ainsi qu’une exposition au Musée d’histoire naturelle de Fribourg, du 26 mai au 20 août. Coauteur du livre, le biologiste Jérôme Gremaud s’épanchera sur ces oiseaux nicheurs, lors d’une conférence publique, mardi prochain, à 20h15, à l’Auberge de la Couronne, à Enney. Entretien.

Pourquoi avoir recensé les oiseaux nicheurs du canton?

Jérôme Gremaud: L’idée vient de l’Atlas des oiseaux nicheurs du canton de Fribourg et de la Broye vaudoise. Cet atlas publié en 1993 consistait en un premier état des lieux sous forme de cartographie établie sur la base d’un recensement des oiseaux nicheurs, réalisé entre 1986 et 1991. L’idée a donc été de réitérer l’expérience trente ans plus tard, dans le cadre d’un nouvel état des lieux selon la même méthode, afin de permettre la comparaison.

Les ornithologues ont donc passé la région au peigne fin…

Près d’une septantaine d’observateurs ont participé de manière active aux relevés, et plus de 900 personnes ont signalé des observations. Le projet a démarré en 2013 avec un recensement sur des carrés de 2,5 kilomètres par 2,5 kilomètres. Cela nous permet d’avoir un relevé des espèces présentes. Et en complément, dans certains carrés kilométriques, on a un inventaire complet du nombre de couples, par exemple de mésanges charbonnières ou de troglodytes. C’est comme si on procédait par échantillonnages. Partout ailleurs, on a simplement noté la présence ou l’absence d’espèces par carré.

Quelque 40% des espèces d’oiseaux sont menacés en Suisse. La tendance se confirme-t-elle à travers ce recensement?

De grands changements ont eu lieu dans l’avifaune en trente ans, avec des gagnants et des perdants. On observe une régression de plusieurs espèces. On remarque une quasi-désertion du Plateau de la part des oiseaux des prairies. L’alouette des champs ne niche plus autour de Bulle, et presque plus en Gruyère alors qu’elle est présente dans nos chants populaires. Ses effectifs ont reculé de plus de 50% dans le canton. Par contre, on voit qu’elle se maintient dans les Préalpes qui font office de refuge. Le tarier des prés est un autre exemple avec une baisse d’environ 80% des effectifs. Cette espèce était extrêmement commune dans les années 1950 dans la région, mais a fortement reculé dans les années 1990. Aujourd’hui, il n’en reste aucun sur le Plateau. Cette espèce n’a plus le choix et doit s’installer dans des endroits qui lui sont moins favorables. C’est dû à l’intensification de l’agriculture. Par contre, on constate que là où des efforts ont été faits, on parvient aussi à des résultats. Ce point est très encourageant.

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