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Canton

Les mille vies de Marie-Jeanne Dubas

L’arrière-petite-fille du syndic Jean-Augustin Cuony (1848-1857) fêtait la semaine dernière ses cent ans

Résidence des Chênes; Centenaire Marie-Jeanne Dubas Photo Lib / Charly Rappo, Fribourg, 06.04.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

12 avril 2023 à 04:01

Fribourg » «Pourquoi parle-t-on de la femme qui «travaille» uniquement lorsqu’elle exerce un métier ou une profession en dehors de ses occupations de mère et d’épouse? Est-ce à dire que celle qui se dépense pour sa famille, étant tour à tour cuisinière, éducatrice, ménagère, infirmière, lingère, nurse, économe, hôtesse, animatrice, etc., ne jouit que de loisirs, et que sa situation n’importe pas à la société?»

1923

Naissance de Marie-Jeanne Cuony.

1942

Baccalauréat latin-sciences à l’Académie Sainte-Croix.

1948

Diplôme de pharmacie à l’Université de Berne et mariage avec le docteur Jean Dubas.

1959

Reprise de la pharmacie familiale.

1969

Cofondatrice du Club Soroptimist international de Fribourg.

1974-1991

Conseillère générale de la ville de Fribourg.

1977-1981

Députée du PRD (Parti radical-démocratique) au Grand Conseil.

1988

Vente de la pharmacie familiale.

Ces lignes datent de 1969 et ont été rédigées par une mère et épouse, pharmacienne, mais aussi défenseuse de la cause des femmes, femme politique et mécène. Une Fribourgeoise qui a multiplié les casquettes et les vies au cours d’un siècle bien rempli. Car oui, Marie-Jeanne Dubas, née Cuony, fêtait la semaine dernière son premier centenaire.

La dame est un symbole des confluences de la Suisse moderne. Ses racines plongent en France, en Allemagne et dans le Laufonnais, dans le canton de Bâle-Campagne. Sa mère, Odette Milhau, était la fille d’un notaire de Castres qui avait épousé une sujette du Kaiser. Un pied de nez aux antagonismes d’alors: «Ce n’était pas facile d’être Allemande en France à l’époque», confie la jeune centenaire. «Ma grand-mère a connu beaucoup de rivalités à cause de cela.»

Par son père, Marie-Jeanne Dubas descend d’une illustre lignée de la bourgeoisie fribourgeoise, qui a notamment donné à la ville un syndic, le radical Jean-Augustin Cuony (1848-1857). Elle est la troisième génération de pharmaciens de la famille Cuony. La dernière aussi. Car si deux de ses enfants ont suivi des parcours similaires, l’officine familiale a été vendue en 1988. Une pharmacie à laquelle cette épouse de médecin a consacré une part importante de sa vie, jonglant entre ses obligations de mère et d’épouse et son rôle de gérante.

Une vie d’engagements

La doyenne de la Résidence des Chênes, au Schoenberg, n’a rien perdu de sa prestance. Le regard profond, élégamment apprêtée et droite dans ses bottes, elle reçoit les dignitaires venus lui rendre hommage: Jean-Pierre Siggen pour le Conseil d’Etat, Thierry Steiert pour la ville de Fribourg. Avec à-propos, le vice-président de l’exécutif cantonal cite cet extrait de La Liberté du 6 avril 1923, date de naissance de son hôtesse: «L’Europe entière ne se lèvera-t-elle pas pour mettre la camisole de force aux fous furieux de Moscou?» Il était alors question de quelque outrage bolchevique envers le pape, mais le clin d’œil est limpide.

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