Le château d’Attalens sera l’écrin de la marque de maroquinerie Ferronato

Attalens » Sandro Ferronato, le nouveau propriétaire du château d’Attalens, est d’ordinaire plutôt discret. Petit-fils d’immigré vénitien, l’entrepreneur de 63 ans aurait pourtant de quoi se vanter. Il a porté un savoir-faire familial – le ponçage et le polissage de la pierre – au rang de technologie de pointe. Et son groupe, KGS Diamond, à Châtel-Saint-Denis, emploie plus de 500 collaborateurs de par le monde. Mais une nouvelle aventure, la création de la marque Ferronato, incite le stratège et sa fille Alessia, 30 ans, à monter aux créneaux. Et le château d’Attalens est une pièce de leur plan.

«En 1970, mon père Natale a subi un grave accident de voiture. Ma mère Maryse a repris la direction de l’entreprise familiale, qui se trouvait près de Zurich», explique Sandro Ferronato. «J’avais 19 ans lorsqu’elle a envisagé de fermer. Pour moi, c’était impensable. J’avais grandi dans la poussière et la pierre des ateliers. Dès mes 14 ans, j’avais assisté mon père dans le développement d’abrasifs. J’étais sa mémoire, et il m’a appris énormément. Alors, à 19 ans, j’ai arrêté ma maturité pour entrer dans l’entreprise. Nous n’étions que trois.»

«J’avais 19 ans lorsque ma mère a envisagé de fermer l’entreprise familiale. Pour moi, c’était impensable»
Sandro Ferronato

Depuis 1998 à Châtel

Directeur à 25 ans et inspiré, l’empiriste invente cinq ans plus tard une nouvelle technologie: l’abrasif diamanté souple à base de tissu métallisé, qui ouvre la voie du polissage diamanté à sec. «C’était une révolution. Nous sommes aujourd’hui encore les leaders mondiaux en la matière», explique l’entrepreneur, qui développe alors les affaires en Europe et construit une première usine aux Pays-Bas.

Ake Gustafson, cent ans de chance et d'inventivité

Nouvelle menace en 1998. The Laird Group veut fermer l’usine Devex, à Châtel-Saint-Denis. Fondée par un autre inventeur, Ake Gustafson, elle est la seule dans le monde à fabriquer le tissu métallisé, composant indispensable de l’abrasif souple. «J’ai cherché en vain un produit similaire, avant de convaincre Laird de me céder l’usine.» KGS Diamond installe son siège à Châtel, qui reste le seul site de production du précieux tissu, le Metafab, une marque déposée.

De fil en aiguille

Sandro Ferronato aligne les brevets, tous liés à l’abrasion. Il déploie l’activité de KGS Diamond. Mais l’une des propriétés de son tissu métallisé, le blindage, le fait cogiter. «Il est imperméable aux ondes électromagnétiques utilisées par le wifi, le Bluetooth, la téléphonie mobile, les GPS ou les puces sans contact (RFID). Et comme je suis très sensible à la «privacy», le scandale sur la surveillance dénoncé par Snowden en 2013 m’a donné une idée.»

Le père et sa fille passent dix ans à la structurer, pour aboutir à la gamme de maroquinerie «blindée» Ferronato, dont la première boutique sera vernie le 8 juin à Lausanne. Le château d’Attalens, lui, servira d’écrin aux couturières de l’atelier de recherche et développement, à l’étroit à Châtel.