Jean-Pierre Siggen. «Avec l’alliance, je pars confiant»

A table (8/9) » Pour le deuxième tour de l’élection au Conseil d’Etat, La Liberté a invité chaque candidat à aller manger dans un restaurant de son choix. Une rencontre pour parler politique, mais pas seulement.

Jean-Pierre Siggen a choisi l’Aigle-Noir pour ce rendez-vous avec La Liberté. Et ce choix n’est pas anodin. «D’abord parce que ce bâtiment est magnifique, il fait partie des bâtisses classées», relève le conseiller d’Etat dont la direction gère aussi le Service des biens culturels. Il remarque aussi «la vue exceptionnelle que l’on a depuis cet établissement». On l’apprécie d’ailleurs depuis la table où l’on est installé. «Mais ce bâtiment est surtout le lieu de réunions de mon parti. Les démocrates-chrétiens s’y sont réunis pendant de nombreuses années lors des sessions du Grand Conseil qui se déroulaient non loin.»

Jean-Pierre Siggen regrette d’ailleurs cette ambiance de discussion qui n’a plus cours avec le déplacement des débats du législatif cantonal à Forum Fribourg à cause des travaux de réfection de l’Hôtel cantonal et de la pandémie. «Ça nous a fait perdre ce liant qui est essentiel au débat politique.»

«Rien n’est joué»

Une femme s’avance alors vers notre table avec un sourire: «Excuse-moi Jean-Pierre, j’ose te déranger deux minutes, je veux te présenter quelqu’un qui va voter pour toi!» Le candidat se retourne et salue une militante du Centre: «Bonjour Anne, merci!» Après quelques mots d’échange avec les nouveaux venus, il précise qu’il s’agit d’une enseignante à la retraite, membre du Centre.

Notre dossier consacré à l’élection au Conseil d’Etat

Retour à la discussion. Il relève le fonctionnement actuel de l’Aigle Noir qui permet la réinsertion professionnelle, qui donne la possibilité aux personnes en difficulté de remettre un pied dans le monde du travail dans un cadre bienveillant.

Il est temps de commander. Jean-Pierre Siggen choisit l’un des deux menus du jour: une soupe de carottes au cumin et un suprême de poulet rôti à l’ail avec son jus brun au citron. «Vous prenez du vin? Je bois un verre seulement si vous m’accompagnez.» Mais seulement un, car il faut garder les idées claires. Et sa préférence est réfléchie: une syrah de Fully. «Mes origines valaisannes me permettent ce choix», sourit-il.

Le directeur de l’Instruction publique, de la culture et du sport brigue donc un nouveau mandat. Comment a-t-il vécu son mauvais score au premier tour avec une neuvième place? «Sans alliance à droite, on avait prévu que ce serait difficile. Ce résultat était quand même une surprise. Mais j’aborde toujours une élection dans son ensemble. Rien n’est joué. Avec l’alliance, je pars confiant pour le second tour», assure-t-il en dégustant sa soupe. Car le ministre a une certaine expérience puisqu’il avait été élu en 2013, pour remplacer Isabelle Chassot. Il avait ensuite été réélu brillamment en 2016: il était même sorti en tête au premier tour, mais grâce à une alliance à droite.

Résistance au stress

Au-delà de l’alliance inexistante à droite cette année, comment explique-t-il ce mauvais score? «Je suis à la tête d’une direction qui touche beaucoup de monde, les parents d’élèves, les institutions culturelles et sportives. Avec cette pandémie, nous avons dû prendre des décisions qui n’ont pas plu à tout le monde.» S’il est élu, il sera le doyen de fonction. Souhaitera-t-il rester à la DICS? «Il reste encore de beaux projets à mener, je m’y sens bien.» Mais il ne cache pas non plus son intérêt pour la Direction des finances. «Ah! Superbe!» commente Jean-Pierre Siggen à l’arrivée du plat principal. Le poulet est déposé sur un feu d’artifice de légumes colorés. Un délicat fumet citronné s’échappe de l’assiette.