Aide humanitaire. "Un véritable séisme" dans l'humanitaire, selon la cheffe de la DDC
Après la suspension pour 90 jours de l'aide américaine, le monde humanitaire, du développement et du multilatéralisme ne sera plus le même à l'avenir, estime la cheffe de la DDC Patricia Danzi. Le gel américain décidé du jour au lendemain "est un véritable séisme".
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ATS
7 mars 2025 à 05:48, mis à jour le 17 mars 2025 à 14:29
"Beaucoup de partenaires sont déjà venus vers nous pour nous demander si nous pouvions donner davantage, combler un peu le retrait américain", explique la directrice de la Direction du développement et de la coopération (DDC) Patricia Danzi dans un entretien diffusé vendredi par ArcInfo, Le Nouvelliste, Le Courrier et La Liberté.
"Nous faisons nous-mêmes face à une pression budgétaire importante, ce qui rend [une hausse de l'aide suisse] difficilement envisageable", ajoute-t-elle. Avec un budget de 42,8 milliards de dollars, l'USAID représente 42%. "Les montants en jeu sont juste énormes. Ni la Suisse ni d'autres acteurs ne pourront compenser la totalité des fonds remis en question", relève la responsable.
"Réforme profonde"
Une analyse a été lancée sur les projets cofinancés par la DDC et des fonds américains, pour voir quelles suites pourront leur être données, déclare Mme Danzi. "Nous avançons au jour le jour, mais il est possible qu'une part d'entre eux sera interrompue".
S'il règne encore une période de grande incertitude, "car beaucoup de choses restent encore en suspens du côté des Etats-Unis", "la réforme" du monde de l'humanitaire sera "profonde", note la directrice de la DDC.
Selon elle, "cela risque d'avoir un impact sur les objectifs de développement durable de l'ONU, de nombreux projets de développement qui visent une amélioration systémique à long terme, mais également sur la Genève internationale ainsi que sur les ONG suisses".
Mme Danzi redoute qu'un arrêt de l'aide aussi abrupt ne provoque des décès. "Quand des distributions alimentaires ne se font pas, que des médicaments ne sont pas délivrés ou que des traitements médicaux ne peuvent être réalisés dans des moments de crise, il y a forcément des morts", précise-t-elle, soulignant que dans certains pays, 60% des programmes humanitaires étaient financés par les Etats-Unis.