Une exposition photographique sur les incendies dans le canton

Granges-Paccot » Nous n’avons plus l’habitude, heureusement, de voir des villages de la région entièrement réduits en cendres. Ce sont des images apocalyptiques, en noir et blanc, où il ne reste que des gravats et quelques pans de murs. Et puis des hommes, des femmes, au milieu de ce qui a été autrefois leur vie. C’est ce qui frappe dans l’exposition Incandescence, installée dans le hall d’entrée de l’Etablissement cantonal d’assurance des bâtiments (ECAB), à Granges-Paccot.

Elle montre le regard de photographes fribourgeois sur treize incendies qui ont marqué l’histoire du canton entre 1876 et 2018. Pour mettre sur pied cet événement, le réseau Photo-Fribourg a puisé dans les fonds patrimoniaux de plusieurs institutions et dans les archives de La Liberté.

Albeuve en cendres

L’accrochage est modeste mais les histoires qu’il raconte sont impressionnantes et chargées d’émotions. Les restes d’Albeuve après l’incendie du 21 juillet 1876 sont particulièrement choquants. Le feu est parti dans la boulangerie et s’est propagé à tout le village. En une demi-heure, les trois quarts de la localité brûlaient. La bise explique probablement la rapidité de la catastrophe qui coûtera la vie à deux personnes.

Le télégraphe a pu demander de l’aide, avant de disparaître à son tour dans les flammes, apprendra-t-on notamment en lisant les articles parus à l’époque dans La Liberté et reproduits ici. On découvrira, atterrés, que de nombreux habitants n’avaient pas d’assurance pour leur mobilier et qu’ils ont dû faire appel à la solidarité… On comprendra d’autant mieux la reproduction, sur un autre panneau, d’une publicité de la Baloise pour assurer ce type d’objets.

La pharmacie du Cheval-Blanc, à Bulle, a l’air d’avoir été bombardée

Les désastres se suivent, les causes varient, mais les conséquences semblent tout aussi tragiques. En 1900, on parle d’une «épidémie d’incendies» qui ont touché Rueyres-Saint-Laurent, Chénens, Vuisternens et Autigny. Le pyromane sera finalement arrêté. Sans le savoir, les visiteurs ont peut-être déjà vu un des vestiges de ce drame: une façade d’une des maisons incendiées se trouve dans les jardins du Musée d’art et d’histoire de Fribourg. En ville aussi, le feu fait rage. La pharmacie du Cheval-Blanc, à Bulle, après qu’un employé a fait tomber un flacon d’ether qui s’est embrasé, a l’air d’avoir été bombardée. Le toit fumant du couvent des Cordeliers, à Fribourg, semble avoir été ravagé par la guerre.