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Culture

Une exposition entre fer et terre

L’atelier 1280° accueille les œuvres en céramique de Michèle Rochat, une exposition qui questionne le concept de porosité.

L’artiste et céramiste continue d’explorer à travers des pièces de design la capacité de l’argile à absorber l’acétate de fer. © Charly Rappo

25 octobre 2023 à 16:00

Givisiez » C’est dans l’atelier de création céramique 1280° à Givisiez que s’est installé le deuxième volet de l’exposition Tinctolab de Michèle Rochat. Après un premier accrochage à la Ferme des Tilleuls à Renens en collaboration avec Clotilde Wuthrich, l’artiste et céramiste continue d’explorer à travers des pièces de design la capacité de l’argile à absorber l’acétate de fer. Cet atelier et espace d’exposition permet d’approfondir la réflexion sur ce médium qui oscille entre les arts de la table réalisés en série et les recherches conceptuelles de l’art contemporain.

Les explorations de Michèle Rochat portent sur les états de transformation de la matière et sur la capacité de la céramique à rendre compte de ces métamorphoses. Alors même que le fer et la terre coexistent dans la nature tel qu’on peut l’observer dans certaines structures géologiques, les pièces de Tinctolab mettent en lumière la façon dont l’argile blanche, cuite une première fois et rendue poreuse, s’imprègne de l’émail de fer dans lequel l’artiste la plonge. De cette immersion, nous pouvons observer la façon dont la couleur rouille, typique du fer, se fraye un chemin dans l’argile, défiant la gravité. Ainsi, sur la hauteur de certaines pièces nous pouvons distinguer une première ligne nette qui marque la hauteur du bain d’émail et une deuxième ligne qui s’estompe et nous permet de discerner jusqu’où le fer est parvenu à s’élever.

Jouant avec les couleurs des émaux, l’artiste offre une composition qui déroute le regard

Pour exploiter cette «phénoménologie de la matière», l’artiste utilise tout aussi bien des terres «brutes» telles que le grès ou des argiles aussi fines que la porcelaine dans des pièces aux formes semblables à des objets forgés dans le fer. Ces œuvres, de couleur orange vif avant la cuisson, se vitrifient à 1250 degrés et deviennent des objets à même d’intégrer notre quotidien. En effet, les formes les plus poétiques, réalisées en partie avec un extrudeur, se tiennent à côté d’objets tels que des bols, réalisés avec la technique du coulage. De ce riche assemblage se dessine une double fonction pour chacune des œuvres — poétique et utilitaire — nous laissant le soin d’imaginer et inventer les possibles usages des pièces les plus abstraites. Jouant avec les couleurs des émaux – or, bleu, jaune, rouge — l’artiste offre une composition qui déroute le regard.

Dans l’espace urbain

Céramiste de formation, Michèle Rochat cristallise dans les pièces de Tinctolab une partie de ses recherches actuelles effectuées dans le cadre de son master en design social à la HKB, la Haute Ecole des arts de Berne, concernant l’application de la terre poreuse dans l’espace urbain. Les enjeux de cette réflexion sur la capillarité de la terre argileuse porteraient sur une possible re-perméabilisation des villes, une autre manière de les faire «respirer».

De ce point de vue, ses œuvres concrétisent à la fois l’empreinte de son geste et le mouvement du fer à travers la terre, «suivant le processus jusqu’où il peut aller». Autant de pièces pour penser et repenser toutes les nuances de la perméabilité dans l’art de la céramique.

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