Une exposition animée célèbre Frida Kahlo à Lausanne

Son et lumière » Le lieu: une halle, à Beaulieu, en sous-sol. L’espace, encore obscurci par des rideaux noirs, exhale depuis l’escalator une musique mexicanisante, alliage de guitares et de mélancolie sirupeuse. Un sentiment de bien-être s’empare des visiteuses et visiteurs, entre 5 et 85 ans, assez clairsemés en cette matinée glaciale à Lausanne. Une vingtaine de bambins se tiennent par la main deux par deux, visiblement impressionnés par l’endroit.

Un des célèbres autoportraits de Frida Kahlo accueille le public droit dans les yeux, un singe sur une épaule, un chat noir sur l’autre. Autour de son cou, un collier d’épines, et en guise de pendentif, un colibri mort. L’artiste porte moustache et monosourcil avec son panache habituel. Elle est hiératique et désemparée à la fois. Puis l’image s’anime, ses yeux roulent, les animaux se déplacent, un vent souffle doucement dans le feuillage qui sert de toile de fond. Premier malaise. Comme un vague sentiment qu’elle a été trahie.

Viser tous les publics

Directeur d’Opus One, l’organisateur du projet, Vincent Sager commente: l’exposition a été conçue par le collectif créatif Projecktil Zurich, pour qui le mouvement est un enjeu immersif important. De manière générale, l’intention est de viser tous les publics, à partir de l’adolescence, et de faciliter l’accès à la culture à des personnes qui ne fréquentent pas forcément les musées.

Frida Kahlo, une artiste en lambeaux

La maison de production, spécialisée dans les «expériences culturelles», explique dans sa présentation que «depuis 2013, nous avons accueilli plus d’un million de visiteurs dans les expositions que nous avons organisées à Genève ou Zurich. De Toutankhamon à Art of the Brick, de Titanic à Lascaux, nous ouvrons grand les portes de l’imaginaire et de l’histoire.» Mais d’abord, il faut ouvrir grand son porte-monnaie: une entrée coûte entre 24 et 30 francs. Le prix de la culture lorsqu’elle n’est pas subventionnée, répond Vincent Sager.

Une timeline occupe la pièce suivante: illustré d’un mélange de photos et reproductions, le contenu est complet, ne laissant de côté aucun des aspects non conventionnels voire transgressifs de la vie de Frida Kahlo: de son engagement politique à sa bisexualité, sans oublier ses innombrables épreuves, maladies, accidents, opérations, fausses couches, alcool, tentatives de suicide… Ni son amour immense pour son pays, et pour Diego Rivera, peintre comme elle.