Critique.  Mirkids, la danse en apesanteur à Nuithonie

Quand les enfants écarquillent les yeux, tout émerveillés – «C’est trop stylé!» – et que le spectacle réussit à les faire marrer, c’est gagné. C’est pour eux que la chorégraphe Jasmine Morand a réglé Mirkids, variations contemplatives et kaléidoscopiques pour huit danseuses et danseurs, et un miroir.

Oui, on peut dire «régler», tant la précision des mouvements tient de la haute horlogerie. Ces jours à Nuithonie, Mirkids parvient à créer des images graphiques et symétriques, des formes géométriques, tout en permettant à l’imaginaire de s’évader, de rêver ses propres paysages et scénarios. La pièce concilie rigueur, aboutissement du propos et étincelles magiques, irréductibles. Elle est «sur le fil».

La synchronisation des gestes se fait avec beaucoup de rondeur et de douceur

Les interprètes sont donc loin d’être enfermés dans un dodécagone noir, entre les interstices duquel entrent des lumières subtilement tamisées (Rainer Ludwig), tantôt chaudes, tantôt crues, enveloppant ou distinguant les corps. Les variations musicales (Dragos Tara) elles aussi se jouent dans la nuance, toujours, tandis que la synchronisation des gestes se fait avec beaucoup de rondeur et de douceur.

Réflexion

La représentation commence quand le public est accueilli par les interprètes, enlève ses chaussures, rejoint le plateau et se couche sous le miroir, tête sur des coussins. On regarde au plafond la réflexion du spectacle qui se joue dans le secret du dispositif conçu par la scénographe Neda Loncarevic – et déjà utilisé dans Mire, l’une des précédentes chorégraphies de la compagnie Protoype Status et destinée à un public adulte. Et dans les yeux, c’est une révélation! Grâce à la contrainte toute simple du dispositif, les étoiles se succèdent, les fleurs s’ouvrent, les aplats se renouvellent avec fluidité.