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Scènes

Le théâtre de l'Arbanel fête ses 50 ans

Le théâtre de l’Arbanel raconte tout un pan de l’histoire culturelle fribourgeoise à l’occasion de son anniversaire

Arbanel, 50 ans; les anciens, dont des fondateurs, pour parler de l'histoire, des anecdotes et de l'avenir du lieu Photo Lib / Charly Rappo, Treyvaux, 28.04.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

10 mai 2023 à 15:36

Treyvaux » L’Arbanel tire son nom de la proximité phonétique de deux toponymes de Treyvaux, comme le rappelle Jacques Jenny, qui a baptisé le théâtre. Au milieu du village coulait, avant sa domestication, un ruisseau du nom des Arbagnys. Tandis qu’un lieu-dit s’appelle En Albanel: il a la même étymologie, «eau blanche», qu’Albeuve.

Remonter le temps jusqu’aux débuts de l’Arbanel, c’est imaginer une époque où il n’y avait pas de salle de théâtre dans le canton de Fribourg. Il y a cinquante ans, quand des passionnés fondent l’Arbanel, le canton ressemble fort à un désert culturel. Il y a une place à prendre pour la société coopérative – devenue association en 2009.

En 1973, l’Arbanel se lance et prend ses quartiers à la grande salle de l’école de Treyvaux, que la troupe doit partager avec la fanfare, les chœurs, la société de jeunesse, la société de gym, le théâtre en patois, se souvient Jacques Jenny, qui a participé à la fondation de la coopérative aux côtés entre autres de Nicolas Kolly, Jean-Pierre Papaux, Roger Bielmann. Les premières productions maison sont des pièces à sketchs, de type revue, avec satire politique et scènes musicales, qu’il faut répéter ailleurs, faute de place. Dès les débuts, les membres de l’Arbanel cherchent à s’inscrire dans une structure «café-concert». Des parts sont souscrites pour l’achat d’un terrain, mais les projets successifs mis sur la table, dont un à 1,3 mio de francs pour 1000 places, sont trop onéreux, résume Roger Bielmann.

Dürrenmatt, un jalon

Des étrennes dans la grande salle de l’école, les annales ont gardé la trace du premier accueil, en 1974: c’était Gaby Marchand. Puis vinrent en 1975 Marie-Paule Belle et Guy Sansonnens, avant beaucoup d’autres.

C’est durant la décennie suivante que commencent à s’engager les piliers présents sur cette photo. Josette et Georgy Seydoux sont actifs depuis 1981: ils sont revenus tout exprès de leur retraite française pour participer au spectacle du 50e. André Gaillard, actuel président, arrive en 1987, Erica Forney en 1988. Elle a été présidente durant douze ans et a œuvré aux côtés de Roger Bielmann à la rédaction de la Gazette, dont un hors-série paraît ces jours. Quant à Gabrielle Jenny, elle tient les comptes depuis 1990. La troupe travaille de manière bénévole. Il n’y a jamais trop de mains, chacun s’occupe à la fois «du jeu, de la construction des décors, du fonctionnement de la salle». Le succès est au rendez-vous, l’Arbanel fait le plein chaque soir, pour ne pas dire qu’elle crée l’événement.

«Le lieu dégageait quelque chose»
André Gaillard

Lors de notre rencontre, les anecdotes fusent. Jacques Jenny ne manque pas de signaler le jalon de 1986. L’Arbanel monte cette année-là La visite de la vieille dame de Dürrenmatt. La grande salle étant occupée, les répétitions ont lieu «dans l’ancienne porcherie». «On l’avait passée à la chaux», enchaîne Josette Seydoux. L’Arbanel profite alors des talents de la scénographe Marie-Cécile Kolly et du metteur en scène Louis Yerly, qui ont dû s’exiler pour se former et travailler (le duo de professionnels a aussi créé La Cerisaie de Tchekhov lors du 40e). «Ça a été un spectacle marquant, par son ampleur, sa distribution, en termes d’heures de construction, de temps de répétition. L’équipe a même construit des gradins», continue Erica Forney. Selon les calculs de Roger Bielmann, 2000 Fribourgeois ont vu le spectacle et s’en souviennent peut-être encore.

Mais c’est en 1991 que le théâtre change de dimension. Quand le bail de l’ancienne salle de gym du village, qui servait d’entrepôt, arrive à échéance, le syndic offre de la confier à l’Arbanel. Les anciens n’ont pas oublié les toiles d’araignées: «Le lieu était sale, mais il dégageait quelque chose», confirme Josette Seydoux, qui en a encore des étoiles dans les yeux. «On s’est très vite dit que c’était ça qu’il nous fallait.»

L’assemblée communale de Treyvaux vote de justesse un droit de superficie, pour trois petites voix, rappelle Erica Forney. Toutes les transformations successives, l’isolation, le chauffage, la technique de scène, les gradins, puis l’aménagement du foyer et, dans un troisième temps, la régie et la tribune, sont financées par l’association grâce à la vente du terrain inutilisé. Aujourd’hui, c’est toujours le bois de la charpente d’origine qui donne son cachet à l’Arbanel. Son rapport idéal scène-salle et ses 140 places contribuent à la magie du lieu.

Mais pas seulement: «J’ai gardé un souvenir génial des travaux», s’enflamme Josette Seydoux. «Tout le monde a brossé des tuiles, a donné un coup de main. C’est ça, l’esprit de l’Arbanel. Une histoire d’équipe, un mélange de générations, une envie de travailler ensemble. C’est ce qui donne cette énergie, cette âme en plus.»

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