Gruyères. Rickli place les déchets radioactifs au centre de sa nouvelle exposition

Photographie » Une vaste mer, paysage intranquille frangé de brume. Pourtant, sous cet horizon apaisant, quelque chose pulse. C’est la fosse des Casquets, dans la Manche, où ont été immergées des tonnes de déchets radioactifs jusqu’en 1993. Se méfier de l’eau qui dort, et des images de Marcel Rickli, belles comme une menace assoupie.

Alors que l’atome semble tenir sa revanche à la faveur des nouvelles fractures géopolitiques et énergétiques, son rayonnement éternel infuse les œuvres contemporaines. Il y a quelques jours paraissait en français Le Grand Enfouissement de la Zurichoise Annette Hug, chronique futuriste d’un ordre monastique assigné à la conservation perpétuelle des déchets nucléaires. On songe aussi à la bande dessinée Le droit du sol d’Etienne Davodeau (2021), récit d’une pérégrination sur les sentiers inquiets qui mènent à un «projet prométhéen» d’enfouissement dans les sous-sols de la Meuse, ou encore à la série fantastique White Wall (lire ci-dessous). L’art pour interroger ce refoulé de la modernité radieuse, cette avancée sur la ligne de faille entre féerie techniciste et responsabilité morale.