Fribourg » «Cette musique est une manière de parler extrêmement juste et impeccablement, sans jamais nuire à personne. C’est la meilleure façon de communiquer», sourit Olivier Verleye pour évoquer le drone. Ce style sonore, dont le nom signifie bourdonnement en français, est un genre minimaliste créant des atmosphères s’étirant bien au-delà des 3 minutes 50 des chansons pop taillées pour la radio. Ici, on prend le temps de s’immerger dans des univers musicaux où les instruments électroniques et organiques osent se rencontrer. Les titres peuvent facilement atteindre les 20 minutes pour peindre des paysages complexes et raconter des histoires sans paroles.
Olivier Verleye est un ingénieur du son et un musicien prolifique qui est notamment membre du groupe Dasein. Il a un nouveau projet, Sowl, avec un autre Fribourgeois, Valentin Brügger, qui lui aussi enquille les aventures musicales, par exemple avec Perspective Shift. Les deux hommes se sont rencontrés au Bad Bonn Kilbi. Ils se sont ensuite retrouvés au studio d’Olivier Verleye, et là la magie a opéré. Les deux musiciens se sont installés devant leurs instruments et se sont lancés dans le travail. Il en est sorti 45 minutes de sons sans qu’ils aient dû se concerter avec le regard ou discuter avec des mots. Le pied total.
«Nous sommes comme des enfants devant une forêt sombre»
Olivier Verleye
Ils ont donc pris un an et demi pour se découvrir musicalement – ils sont bien occupés par ailleurs – et ont fait trois jours de résidence en studio. Ils ont déjà un concert et un album, Breaths, à leur actif. La semaine prochaine, ils vont rajouter deux lives à leur crédit, les 20 et 21 décembre à l’Espace Pertuis à Fribourg, qui feront office de vernissage.
Hic et nunc
Davantage que des concerts, Olivier Verleye qualifie ces deux dates d’expérience. D’abord parce que chaque prestation est différente puisque l’improvisation est une composante du drone. «On essaie de se libérer des carcans des signatures rythmiques et des notes», explique le musicien. Il compare la démarche à celle de la musique classique, avec un thème qui revient, qui se déploie, mais dont le background sonore évolue.
Il note que les émotions et l’atmosphère dégagées par les créations de Sowl dépendent du jour, du public, du lieu, des circonstances. Les deux rendez-vous au Pertuis seront d’ailleurs accompagnés d’une scénographie lumineuse et d’une 3D sonore, elles aussi évoluant au rythme de la soirée dont la base sera bien sûr leur album. «Hic et nunc», résume-t-il en latin, soit ici et maintenant.
Il parle même d’une forme de thérapie pour les deux musiciens. «Comme les morceaux sont longs, il faut rester ouverts, présents, investis et aller chercher très loin. On finit les concerts dans une sorte de transe. On se sent soulagés», sourit Olivier Verleye soulignant la chance d’avoir trouvé un complice d’une telle complémentarité.
Ame et hibou
Sowl est une contraction de deux mots anglais, soul signifiant âme et owl pour hibou, un animal qu’Olivier Verleye affectionne particulièrement. «Dans notre optique, nous sommes comme des enfants devant une forêt sombre», explique-t-il. Ils ressentent de l’angoisse, de la crainte mais ils distinguent la lumière dans la frondaison. Ce mélange d’expectation et d’espoir nourrit leur musique.
→ Mercredi et jeudi 21.12 à 19h à Fribourg, Espace Pertuis.
Une exposition pour «devenir papier»
Les curieux qui auraient déjà envie de faire un tour à l’Espace Pertuis, à Fribourg, avant la semaine prochaine pourront visiter jusqu’au 16 décembre l’exposition Devenir papier.