Les corps s’expriment au Musée d’art et d’histoire de Fribourg

Exposition » «Sauter en l’air, trembler de tout son corps ou se prosterner, faire une grimace, tirer la langue ou rouler des yeux, joindre les mains, croiser les bras ou lever les jambes: les êtres humains n’échangent pas seulement par la parole, ils interagissent aussi sans prononcer de mots.» C’est par cette litanie dans laquelle tout le monde se reconnaîtra que le Musée d’art et d’histoire de Fribourg (MAHF) accueille les visiteurs dans sa nouvelle exposition temporaire Corpus - Le corps communicant, à voir jusqu’au 25 février. Il s’agit du troisième volet d’un cycle consacré au corps, entamé en 2021, et qui devrait se poursuivre encore ces prochaines années.

«C’est l’occasion de faire dialoguer des œuvres patrimoniales avec l’art contemporain»
Ivan Mariano

«L’idée de ce cycle est de mettre en valeur nos collections et d’en profiter pour faire des travaux de restauration ou de nettoyages des œuvres. C’est l’occasion aussi de porter un regard sur la société et de faire dialoguer des œuvres patrimoniales avec l’art contemporain. Enfin cela permet d’ouvrir des portes esthétiques et historiques», résume Ivan Mariano, directeur du musée. Pour ce troisième volet, les thèmes sont particulièrement variés: les émotions et les affects, les gestes et la langue des signes, la danse comme moyen d’expression personnelle et artistique, le baiser dans le contexte historique ou encore les cheveux comme moyen d’expression collective ou individuelle.

Les gestes

Le visiteur est accueilli par un relief en pierre calcaire du XI^e siècle représentant une crucifixion. Les gestes expressifs des personnages donnent le ton. Montrer du doigt ou poser sa main sur l’épaule de quelqu’un: les gestes nous permettent de donner du poids à nos déclarations. «Dans l’Antiquité déjà les rhétoriciens considéraient la gestuelle comme un moyen important de soutenir leur discours», explique Stephan Gasser, commissaire d’exposition. Le MAHF nous en offre plusieurs illustrations, notamment avec un projet pour le monument du Père Girard, un franciscain fribourgeois présenté ici le doigt levé vers le ciel, en terre cuite de Raphael Georg Jakob Christen (vers 1850).

Les émotions

De L’Ange au sourire de la cathédrale de Reims aux portraits signés par Marcello (Adèle d’Affry) à la fin du XIX^e siècle (Le Rieur, La Polonaise), on voit que le rire a souvent inspiré les artistes, même s’il fut un temps où le simple fait de montrer l’intérieur d’une bouche était mal considéré. Le rire, donc, mais aussi la colère ou la tristesse s’expriment à travers des œuvres picturales ou des sculptures (Jean Tinguely, Eva Aeppli, Arman). Une installation construite en collaboration avec la Haute Ecole d’ingénierie d’Yverdon permet au visiteur de se faire prendre le portrait pour qu’une intelligence artificielle décode en direct ses émotions.