Exposition. Charlotte Johannesson tisse des liens entre programmation informatique et tissage

Exposition » Faire un brin de causette avec Charlotte Johannesson, c’est un peu comme refaire l’histoire du XX^e siècle mais avec des couleurs plus vibrantes que d’ordinaire. L’artiste suédoise était à Fribourg pour le montage de son exposition Save as Art?, visible à Friart jusqu’au 11 février 2024. Dans cette rétrospective de plus de 50 ans d’activisme artistique, la citoyenne de Skanör, au sud de Malmö, tisse – et c’est le cas de le dire – des liens entre les technologies de la programmation informatique et du métier à tisser. Le tout avec un soupçon de dentelle.

«En 1979 je suis partie en Californie et j’ai échangé un tapis contre un ordinateur»
Charlotte Johannesson

«J’ai fait une formation de tisserande à Malmö, qui est la capitale du tapis en Suède. Mais les arts décoratifs étaient assez peu considérés à l’époque… J’ai commencé à tisser mes propres œuvres avec des messages politiques, drôles ou inquiétants. J’aimais bien aussi utiliser des figures reconnues de la pop culture telles que Mickey Mouse ou Snoopy afin d’attirer les gens dans mon univers», explique Charlotte Johannesson. L’exposition de Friart, qui s’étale sur trois niveaux, rassemble des œuvres conçues au cours des 50 dernières années: des textiles, bien sûr, mais aussi des impressions au plotter, des diaporamas digitaux, des peintures. Trait d’union: le pixel.

«New Wave»

«La région d’où je viens est géographiquement très proche de Copenhague, au Danemark, et nous étions donc aux premières loges pour ressentir les effets de la révolution culturelle de la fin des années 1960», indique l’artiste lorsqu’elle évoque les origines de sa pratique. Période hippie, puis séisme punk dans les années 1970… Charlotte Johannesson s’est inspirée de ces courants novateurs. Elle parsème ses tissages de slogans tels que «No Future» ou «New Wave» mais également, de manière plus subtile «4310284320», à savoir son numéro de sécurité sociale. «Le jour où mon pays m’a attribué un numéro, cela m’a profondément marquée. Je me suis demandé si finalement je n’étais plus que ça, une suite de chiffres…»