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Suisse

Un sursis obtenu pour le foie gras

L’importation du produit restera autorisée, mais le gavage devra être mentionné sur l’emballage

Le gavage des canards est interdit en Suisse depuis plus de 40 ans. © Keystone

15 septembre 2023 à 12:15

Temps de lecture : 1 min

Conseil national
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Les Romands vont pouvoir continuer à manger du foie gras aux fêtes de fin d’année, pour quelque temps tout du moins. Le Conseil national est revenu jeudi sur sa décision prise l’an dernier d’interdire l’importation de ce produit en Suisse.

Par 102 voix à 78, il a privilégié l’option d’une déclaration obligatoire, suivant ainsi le chemin tracé par le Conseil des Etats et soutenu par le Conseil fédéral. Cela signifie que la méthode de production, le gavage des canards ou des oies, devra être mentionnée sur l’emballage à la vente du produit. Le débat devrait toutefois être relancé puisqu’une initiative populaire visant à interdire l’importation de foie gras devrait être déposée prochainement.

Voilà le «foie graben»

La peur de froisser les Romands a pesé dans le revirement de la Chambre du peuple. Un sondage réalisé il y a quatre ans par l’association Quatre pattes montrait l’importance du clivage linguistique, avec seulement 15% des Alémaniques consommant du foie gras, contre 49% des Tessinois et 71% des Romands.

La question du Röstigraben, qu’on pourrait rebaptiser pour l’occasion «foie graben», a été en tout cas au cœur du débat. Cela a même pris une tournure cocasse lorsque Ada Marra (ps, VD) est venue demander au motionnaire si cela ne le «dérangeait pas d’intervenir dans les traditions culinaires de minorités du pays». L’agriculteur zurichois a été fort emprunté pour répondre, faute d’avoir bien compris la question en français.

Sur le fond toutefois, Martin Haab a défendu l’idée que «notre pays s’engage pour les droits des animaux et qu’il faut peut-être faire passer les revendications culturelles au second plan». Depuis plus de 40 ans, la production de foie gras est interdite pour cette raison en Suisse, contrairement à la France ou la Hongrie, principaux producteurs.

Crainte du tourisme d’achat

Les opposants à une interdiction ont aussi argué de la crainte du tourisme d’achat, poussant les consommateurs romands vers la France voisine. Ainsi, pour Jacques Bourgeois (plr, FR), une interdiction serait «un bel autogoal», qui se ferait «au détriment de la branche de la restauration et du commerce en Suisse».

Pierre-André Page (udc, FR) est venu l’appuyer: «Nos restaurateurs ont suffisamment souffert durant la période du Covid-19. Vous leur plantez encore un poignard dans le dos avec une nouvelle interdiction. » Valentine Python (verts, VD) lui a rétorqué qu’une inégalité de traitement existait déjà aujourd’hui puisque les agriculteurs suisses ne peuvent pas produire de foie gras, contrairement à leurs voisins français. De son côté, le conseiller fédéral Alain Berset a souligné qu’une interdiction d’importation contreviendrait aux accords avec l’Union européenne et l’OMC (Organisation mondiale du commerce).

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