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Suisse

Soignants à soigner

Après les applaudissements, les infirmiers réclament de meilleures conditions de travail

Applaudir les soignants à sa fenêtre – cela était le cas lors de la première vague – ne suffit pas, fait valoir le comité d’initiative.

7 octobre 2021 à 00:28

Initiative » Vous les avez applaudis l’an dernier chaque soir depuis votre balcon durant la période de confinement. Ils vous le rappellent aujourd’hui en menant campagne derrière le slogan «Applaudir ne suffit pas». Les infirmières et infirmiers vous invitent à voter oui à leur initiative populaire le 28 novembre. Celle-ci vise principalement à améliorer l’offre de formation ainsi qu’à revaloriser les salaires et conditions de travail du personnel soignant.

Mercredi à Berne, ses partisans ont lancé la campagne qui s’annonce émotionnelle dans un contexte de crise sanitaire qui perdure. La pandémie n’a fait toutefois qu’aiguiser les problèmes de personnel dans ce secteur et renforcer l’arsenal d’arguments des partisans. Mais l’initiative «Pour des soins infirmiers forts» est bien antérieure au Covid-19 puisqu’elle avait été lancée en 2017.

Aide financière

Le Conseil fédéral l’a rejetée assez froidement, mais le parlement a décidé de lui opposer un contre-projet indirect. Celui-ci consiste avant tout en une offensive dans le domaine de la formation. Près d’un milliard de francs (938 millions), selon une répartition moitié-moitié entre Confédération et cantons, sera injecté ces huit prochaines années pour promouvoir la formation du personnel soignant.

12’000

Le nombre de postes vacants dans les soins en Suisse

Les étudiants infirmiers pourront recevoir une aide financière. Les hôpitaux, homes et soins à domicile bénéficieront de contributions pour leur travail de formation pratique. Et les hautes écoles toucheront des subventions pour accroître leurs places de formation.

Une autre revendication de l’initiative est reprise dans le contre-projet. Le personnel infirmier pourra facturer directement certaines prestations à l’assurance-maladie sans plus passer par un médecin.

Points essentiels écartés

En revanche, le contre-projet écarte deux autres points essentiels de l’initiative. Le parlement n’a pas voulu donner de compétences à la Confédération en matière de rémunération et de conditions de travail du personnel soignant.

Cela a justifié aux yeux de ses partisans le maintien de l’initiative. «Il ne suffit pas de former davantage de soignants», avance Marina Carobbio Guscetti (ps, TI). «Il faut également veiller à ce qu’ils restent plus longtemps dans la profession. Et la sénatrice tessinoise de rappeler ces chiffres pour le moins inquiétants: «Plus de 40% du personnel infirmier quitte la profession prématurément. Et environ un tiers la quitte peu après la fin de leur formation, c’est-à-dire entre 20 et 24 ans.» Pour la socialiste, il faut donc impérativement améliorer les conditions de travail.

«Plus de 40% du personnel infirmier quitte la profession prématurément»
Marina Carobbio Guscetti

Présidente de l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI), Sophie Ley rappelle de son côté: «La pénurie de personnel soignant n’est pas une menace. Elle est déjà une réalité depuis longtemps.» Actuellement, près de 12 000 postes sont vacants en Suisse dans les soins. Et la majorité d’entre eux (6300 postes) concerne le personnel infirmier. Conséquence: «Les soignants sont au bord de l’épuisement depuis trop longtemps. Beaucoup trop sont éreintés et quittent la profession parce qu’ils ne voient aucune perspective d’amélioration.» Un phénomène que le Covid n’a fait qu’accentuer.

Le centriste Christian Lohr a rejoint ce combat: «Selon un sondage réalisé en 2018, un quart des soignants interrogés reconnaissaient que, parfois ou souvent, le temps leur manquait pour effectuer les soins du corps, de la bouche et des dents», souligne le conseiller national thurgovien. «Quand manque le temps pour l’hygiène, celui pour les contacts humains manque aussi.»

«La pénurie de personnel soignant est déjà une réalité depuis longtemps»
Sophie Ley

Infirmière clinicienne en oncologie «venue d’Ecosse il y a trente ans», Gillian Harkness témoigne de la frustration que le manque de personnel entraîne: «Notre profession va bien au-delà d’administrer des médicaments ou de faire des pansements. Il en va aussi et surtout des relations avec les patients et leur entourage.»

Soutien des médecins

Et d’émettre une idée originale en matière de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale: «Il faudrait offrir aux jeunes parents des temps partiels sans travail de nuit. Cela permettra d’éviter de perdre un bon nombre de professionnelles formées, compétentes et expérimentées.»

Outre celui des infirmiers (ASI), l’initiative bénéficie du soutien des médecins (FMH) ainsi que de celui du Conseil suisse des aînés. Sur le plan politique, elle divise la gauche, qui lui est favorable, et la droite, qui lui préfère le contre-projet. A noter que Le Centre a opté pour la liberté de vote en assemblée des délégués, même si ces élus ont majoritairement rejeté l’initiative. Alors que la campagne des partisans a été lancée mercredi, le front des opposants se fait encore bien discret jusqu’ici.


«L’initiative entraîne une hausse des primes»

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