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Suisse

Pour le sociologue Vincent Kaufmann, le trafic doit être repensé

Depuis quelques années, une saturation frappe le réseau autoroutier en direction du Valais par exemple. La mobilité se transforme. Dans le cadre du référendum contre les extensions autoroutières qui vient d’être déposé, l’analyse d’un expert de sociologie urbaine.

Le référendum déposé conteste les 5,3 milliards de francs votés par le parlement pour six projets autoroutiers. © Keystone

12 janvier 2024 à 14:05

Temps de lecture : 1 min

Déposé, le référendum contre les extensions autoroutières questionne un sujet brûlant. Des organisations environnementales, des partis de gauche et les Vert’libéraux contestent les 5,3 milliards de francs votés par le parlement pour six projets autoroutiers, dont une troisième voie sur l’A1 entre Le Vengeron (GE) et Nyon. Menée par l’Association Transports et Environnement ainsi qu’actif-trafiC, l’alliance des opposants a récolté quelque 100 000 signatures. Le point sur les enjeux de mobilité avec Vincent Kaufmann, directeur du Laboratoire de sociologie urbaine de l’EPFL.

A quel point le réseau autoroutier est-il saturé aujourd’hui?

Vincent Kaufmann: Il l’est sur certains tronçons, à destination des grands centres urbains aux heures de pointe. Depuis quelques années, on assiste aussi à une saturation le week-end, en direction du Valais par exemple. La mobilité se transforme. En proportionnalité, les déplacements du domicile au lieu de travail sont moins nombreux. Mais ils sont compensés par une mobilité de loisir.

Plus on construit d’autoroutes, plus il y a de trafic. Cet argument des opposants correspond-il à une réalité?

Oui, une plus grande capacité routière incite à davantage de mobilité. En moyenne, on passe entre une heure et une heure et demie par jour à se déplacer. Les usagers adaptent leur mobilité en fonction des conditions. S’ils consacrent moins de temps à se déplacer pour le travail, ils auront tendance à se déplacer davantage pour d’autres motifs. Et quand les infrastructures routières deviennent plus attrayantes que le train, il y a évidemment un report modal.

La croissance démographique joue aussi un rôle dans l’augmentation du trafic…

Evidemment mais encore une fois, plus vous construisez de routes, plus la voiture sera privilégiée pour les déplacements. Les usagers prendront davantage la voiture pour les loisirs par exemple ou feront le pas de déménager hors du centre. La surcharge est aussi la conséquence de choix politiques. Dans les années 80-90, on a par exemple construit de grands centres commerciaux hors des centres urbains, accessibles en voiture pour un large bassin de population au lieu de favoriser le commerce de proximité.

Le télétravail n’a-t-il pas permis de désengorger les autoroutes aux heures de pointe?

Aujourd’hui en Suisse, 40% de la population active télétravaille peu ou prou. Cela a eu pour conséquence une diminution de la circulation aux heures de pointe, mais seulement sur certains jours. Les mardis et jeudis, la saturation est plus forte. Pour y remédier, on pourrait inciter à une répartition des jours de télétravail plus équitable ou à un décalage des horaires. Déjà aujourd’hui, quand les travailleurs en ont la possibilité, ils le font. Personne n’a de plaisir à se retrouver dans des embouteillages ou dans des trains bondés.

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