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Suisse

Pour cet expert, «la menace djihadiste est très souvent surestimée»

Selon le spécialiste de la radicalisation Thomas Noll, le terrorisme islamiste est en recul en Europe.

Selon Thomas Noll, «le nombre d’actes de violence à motivation djihadiste en Europe a nettement diminué». © Charles Ellena

3 janvier 2024 à 20:10

Temps de lecture : 1 min

Sécurité » Après l’alerte de Cortaillod (NE) et des arrestations durant les fêtes en Allemagne et en Autriche, la menace djihadiste est revenue sur le devant de la scène. Le chercheur Thomas Noll, coauteur de La radicalisation dans le domaine de l’extrémisme islamiste, appelle à éviter les amalgames.

Selon le Service de renseignement de la Confédération, la menace terroriste en Suisse reste élevée. Ce n’est pas votre avis?

Thomas Noll: Selon le rapport de situation 2023 du SRC, le nombre d’actes de violence à motivation djihadiste en Europe a nettement diminué. Il est vrai qu’il faut voir si cette tendance se maintiendra après l’attaque du Hamas contre Israël et la réponse israélienne. Nous ne nions pas que le problème de la radicalisation est réel.

Votre réponse laisse présager un «mais»…?

Statistiquement parlant, la probabilité d’être victime d’un attentat terroriste est extrêmement faible en Europe, et encore plus faible si l’on ne considère que les attaques islamistes: seuls 15% des attentats terroristes commis dans l’Union européenne entre 2015 et 2021 avaient un arrière-plan islamiste. En Suisse, ces dernières années, il y a eu un mort, le 12 septembre 2020 à Morges, et deux blessés, à Lugano, le 24 novembre 2020. Des attentats terroristes se produisent bel et bien et ils causent d’immenses souffrances.

Ne vaut-il pas mieux surestimer que sous-estimer un risque?

Cela se discute. Mais les conséquences d’un risque considéré comme plus grand que ce qu’il n’est en réalité peuvent être très négatives, notamment pour l’Etat de droit. Après les attentats du 11 septembre à New York, une surveillance de masse a été mise en place temporairement contre les jeunes hommes musulmans, qui ont développé une peur d’être soupçonnés en raison de certaines déclarations politiques ou religieuses, ou qui ont perdu confiance dans la police et les autres autorités locales. De plus, par peur d’un attentat, de nombreuses personnes n’ont plus pris l’avion pour partir en vacances et ont préféré prendre la voiture. Cela a entraîné une augmentation du nombre d’accidents mortels sur la route.

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