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Suisse

«On sent que le Conseil fédéral n’est pas prêt à porter avec courage le dossier européen»

Le Conseil fédéral a franchi une étape décisive vers de nouvelles négociations avec l'Union européenne. Pourtant, sa communication sur le sujet reste timide et son attitude critiquée. Analyse. 

Peut-être plus encore que dans les poignées de mains à Bruxelles avec le commissaire européen Maros Sefcovic, c’est à Berne que se joue pour Ignazio Cassis l’avenir des relations bilatérales. © Keystone-archives

8 novembre 2023 à 21:20

Temps de lecture : 1 min

Le Département fédéral des affaires étrangères a envoyé un petit communiqué mardi pour annoncer que la Suisse mène des consultations politiques avec le… Kenya. Mercredi, le Conseil fédéral a suivi la même voie, celle d’un petit communiqué, pour proclamer qu’il avait décidé de préparer un mandat de négociation avec l’Union européenne. Le parallèle est révélateur. Il n’est surtout pas annonciateur de lendemains qui chantent. Depuis deux ans et demi maintenant et l’abandon de l’accord-cadre institutionnel, parlementaires et observateurs ne cessent de dénoncer le manque de leadership du Conseil fédéral dans ce dossier.

Et qu’a fait le gouvernement ce mercredi pour saluer une étape décisive du processus de rabibochage avec Bruxelles? Il a envoyé son porte-parole André Simonazzi dévier en corner les ballons envoyés par les médias. «Aujourd’hui, le Conseil fédéral a pris connaissance des résultats des discussions exploratoires qui ont eu lieu, a-t-il indiqué. Cela lui permet de préparer un mandat de négociation et d’ici à la fin de l’année, la décision finale sera prise.» Et le vice-chancelier d’assurer que «cela avance selon le calendrier prévu». Le Conseil fédéral affiche sa satisfaction: «Les progrès sont suffisants pour envisager une négociation», indique André Simonazzi. Avant de préciser que «celle-ci doit encore avoir lieu et qu’un nombre important de points ouverts reste à régler dans la négociation».

«Une prise en otage»

Dans la pluie de communiqués tombés hier, celui du Centre se distingue: «Le consensus entre les partenaires sociaux est la condition préalable au succès des négociations», écrit le parti. Vice-président des Verts, Nicolas Walder fait une appréciation similaire: «Le Conseil fédéral aurait dû mettre à profit ces deux ans et demi pour rassembler les forces pro-européennes et trouver un consensus entre les partenaires sociaux.» Et le Genevois d’afficher son pessimisme: «On sent que le Conseil fédéral n’est pas prêt à porter avec courage le dossier européen et ce n’est pas de bon augure.» En résumé, bien plus qu’à Bruxelles, c’est à Berne que se joue l’avenir des relations bilatérales avec l’Union européenne.

Pendant que le Conseil fédéral se cache derrière son porte-parole, les syndicats occupent le devant de la scène. Ils sont montés au créneau lundi déjà pour afficher leur désaccord avec les résultats des discussions exploratoires, qui tendent à un affaiblissement de la protection des salaires, selon eux. Ils ont pourtant été associés à la démarche, ou du moins consultés. «On nous a certes offert les cafés, mais on ne nous a pas entendus», s’est plaint le président de l’Union syndicale suisse Pierre-Yves Maillard.

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