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Suisse

Yverdon. On en sait plus sur les motivations et le profil du preneur d’otages du train

La prise d’otages dans un train régional jeudi serait liée à la condition de requérant d’asile du forcené. Cet Iranien semblait vouloir fuir la Suisse. Il a été abattu par la police.


9 février 2024 à 22:20

Quelles ont été les motivations du forcené qui a pris en otage treize personnes dans le train régional Travys reliant Baulmes à Yverdon avant d’être abattu par une unité d’intervention jeudi soir? Souhaitait-il fuir les difficultés en Suisse pour gagner l’Angleterre? Y a-t-il une histoire sentimentale en toile de fond? Les questions se bousculent depuis jeudi autour de cette agression rare en Suisse.

D’après les premiers éléments de l’enquête, les raisons de cette prise d’otages seraient liées à «ses conditions de requérant d’asile, ainsi qu’à sa volonté insistante d’avoir des contacts avec une collaboratrice d’un centre de requérants d’asile. La police avait d’ailleurs dû intervenir à plusieurs reprises à cause de son comportement», a communiqué vendredi la Police cantonale vaudoise.

Pas de radicalisation

On en sait aussi un peu plus sur le profil et le parcours de cet homme qui a été formellement identifié. Arrivé en Suisse en 2022, ce requérant iranien né en 1991 a été enregistré dans le centre fédéral de Boudry (NE) avant d’être assigné au canton de Genève en attente d’une décision sur sa demande d’asile placée en procédure étendue, selon des informations de la RTS. Il aurait été porté disparu à plusieurs reprises lors de son processus d’asile avec de potentiels risques suicidaires. Il n’avait pas d’antécédent violent connu des autorités suisses ni de signes de radicalisation. La piste terroriste n’a pas été retenue par les enquêteurs.

Il aurait été porté disparu à plusieurs reprises lors de son processus d’asile

Les faits se sont déroulés jeudi soir. La police a été alertée dès 18 h 35 par les passagers bloqués dans le train immobilisé à l’arrêt d’Essert-sous-Champvent, portes fermées. Elle a immédiatement bouclé le périmètre avant d’entamer des discussions avec le forcené. Une soixantaine de membres des forces de l’ordre ont pris position autour du train. Des spécialistes en négociations de la police cantonale sont intervenus pour tenter de libérer les otages, notamment via des messageries des portables des otages, a détaillé Jean-Christophe Sauterel, chef de communication de la police vaudoise.

Menaçant, le forcené était armé d’une hache, d’un couteau et d’un marteau. Il parlait le farsi et l’anglais. Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le montre en train de parler avec l’un des otages, tout en tenant des propos confus en anglais. «Go to Britania, London, magic. Come back to Switzerland, no magic», dit-il. Il a forcé le mécanicien d’un train à quitter son poste de pilotage et à rejoindre les 12 voyageurs dans une rame. Certains ont été attachés, selon la police. La compagnie Travys a salué l’attitude «exemplaire» de son conducteur. L’employé «était en interaction avec le preneur d’otages et a contribué à calmer la situation», selon elle.

Le taser puis l’arme

Un passager a témoigné dans Blick avoir pensé au début qu’il avait affaire à un homme «ivre ou drogué». «Soudain, j’ai remarqué qu’il avait une arme. C’était une petite hache», raconte-t-il. Assis dans le train, il a vu un homme stressé qui parlait aux voyageurs. «Je ne savais pas ce qu’il voulait ni quelle était sa motivation. Je n’ai pas eu l’impression qu’il voulait blesser les gens.»

Vers 22 h 15, après environ quatre heures de prise d’otages, l’assaut a été donné à «un moment où l’homme était séparé de ses otages», selon le porte-parole de la police. Des explosifs de diversion ont été utilisés. Fonçant avec sa hache dans la direction du groupe d’intervention, l’agresseur a été abattu par l’un des membres du groupe d’intervention. «L’un d’eux a d’abord fait usage de son taser pour immobiliser l’homme qui se précipitait sur eux. L’individu armé a néanmoins continué sa course dans leur direction et celle des otages. Un deuxième membre de l’unité a alors fait usage de son arme afin de le neutraliser. L’homme a été mortellement touché.»

Il est décédé sur place, malgré la présence d’un médecin parmi l’équipe d’intervention policière. Le principe de tir de légitime défense est avancé par la police. Tous les otages ont été libérés et sont sains et saufs. Ils ont été pris en charge au Centre de la gendarmerie mobile à Yverdon par les équipes de soutien d’urgence (ESU). Une cellule psychologique a aussitôt été mise en place.

Des conséquences politiques

L’enquête se poursuit sous la direction du Ministère public. Elle vise d’une part à préciser encore plus les motivations du preneur d’otages et d’autre part à établir les circonstances qui ont amené au tir du policier.

L’affaire aura des conséquences politiques, souligne l’ATS. Dans un communiqué, l’UDC Vaud appelle à «mettre fin à l’insécurité de l’asile immédiatement». Son chef de groupe Cédric Weissert interviendra lors de la prochaine session du Grand Conseil. Le conseiller national Yvan Pahud déposera une interpellation à Berne pour connaître le statut du requérant auteur de la prise d’otages.

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