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Aide aux médias

Aide aux médias. millionnaires de Rapperswil à l’affût

Le comité contre les mesures d’aide aux médias cacherait-il des convoitises? Ses membres contestent

Zeitungsstaender mit Schweizer Zeitungen, aufgenommen am 31. Februar 2012 in St. Gallen. (KEYSTONE/Gaetan Bally)GAETAN BALLY/© KEYSTONE / GAETAN BALLY

21 janvier 2022 à 17:43

Temps de lecture : 1 min

Presse » Opposé à tout secours étatique porté à l’économie, le comité référendaire contre l’aide aux médias servirait-il de paravent à des intérêts commerciaux? C’est ce que dénonce dans sa dernière édition l’hebdomadaire alémanique Wochenzeitung (WOZ). Comme on le sait, l’épicentre de la lutte se situe dans le canton de Saint-Gall, à Rapperswil, d’où a été lancé le référendum contre le paquet d’aide aux médias adopté par le parlement le 18 juin 2021.

On y trouve un des forgerons les plus actifs de l’épée de Damoclès pesant sur les mesures d’aide à la presse privée: Bruno Hug (67 ans), éditeur et ex-rédacteur en chef du gratuit Obersee Nachrichten, fondateur et bailleur de fonds du comité référendaire. Grâce à une magnifique réussite dans une chaîne franchisée de livraison de pizzas, sa fortune est faite.

Repreneur potentiel

Fils de paysan et ingénieur de formation, ce self-made-man, qui a failli devenir président de la ville de Rapperswil, serait prêt à reprendre le St. Galler Tagblatt au groupe CH Media dirigé par Peter Wanner. Autre compère de Bruno Hug nourrissant les mêmes ambitions dans la presse régionale: Peter Weigelt (66 ans), ancien conseiller national PLR et professionnel des relations publiques, au compte en banque bien garni.

Recruté par Bruno Hug, il représente l’appui politique. Président du comité, Peter Weigelt juge que le paquet de mesures pour les médias consoliderait un monopole médiatique, dont il a pourtant lui-même profité en donnant le feu vert, en tant que président du conseil d’administration, à la vente du Wiler Zeitung au groupe NZZ. Concernant le «Tagblatt», comme on dit sur les bords de l’Obersee, il précise: «J’ai seulement dit que si CH Media ne voulait plus éditer le «Tagblatt» pour une question de coûts, je serais prêt à le reprendre». Dans ce cas, il est disposé à réunir des fonds auprès d’investisseurs fortunés. Dénombrant une centaine de millionnaires, Rapperswil n’en manque pas.

Voilà qui interroge tout de même sur les motivations profondes des opposants au train de mesures en faveur des médias. Le sacro-saint principe libéral selon lequel l’État ne doit pas subventionner l’économie ne serait-il pas la seule motivation du comité référendaire dirigé par l’ex-journaliste de la Weltwoche Philipp Gut? Ses membres agiraient-ils selon leurs propres intérêts commerciaux et politiques?

«Non, ce n’est pas vrai. En aucun cas», s’insurge Bruno Hug. «Je m’engage pour le peuple et pour un paysage médiatique diversifié. J’agis pour des raisons sociales. Il est tout simplement intolérable que des milliardaires et des millionnaires soutirent autant d’argent à l’Etat et aux contribuables. C’est un poison pour l’Etat.»

L’idée reste noble

Une des conséquences graves d’un éventuel refus de l’aide à la presse le 13 février ne serait-elle pas un affaiblissement des titres et par conséquent de leur valeur, ce qui arrangerait les millionnaires qui les convoitent? Selon Bruno Hug, l’idée du référendum reste noble. «Il faut éviter de fausser le marché avec des centaines de millions de francs provenant du contribuable», soutient-il. «La loi sur les médias est inutile, insolente et discriminatoire à l’égard des médias gratuits, dans la presse écrite et en ligne. Et elle rend les médias dépendants de l’Etat.»

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