Logo

Suisse

L’évêque Felix Gmür se dit désolé et favorable à l’abolition du célibat

Les évêques suisses annoncent des mesures d’urgence, un certain progrès pour les victimes


24 septembre 2023 à 21:55

Temps de lecture : 1 min

Eglise catholique » Sous haute pression depuis la publication de l’étude de l’Université de Zurich recensant plus de mille cas d’abus sexuels au sein de l’Eglise catholique suisse, la Conférence des évêques suisses (CES) a procédé à une offensive de communication ce week-end. Samedi, elle a annoncé prendre plusieurs mesures d’urgence, dont la création d’un tribunal ecclésial pénal et disciplinaire, la poursuite de l’étude de l’Université de Zurich et la mise en place d’un centre national d’annonce pour les victimes d’abus.

Dimanche, le président de la CES, l’évêque Felix Gmür a reconnu avoir fait des erreurs dans son traitement des cas d’abus, dans une interview accordée à la NZZ am Sonntag. «Je n’ai pas assez pris en compte la perspective des victimes. […] J’en suis désolé».

En ce qui concerne le tribunal ecclésial, Mgr Gmür précise qu’il agira de manière «indépendante de nous, avec des expertes et experts externes». Et d’ajouter: «Etant donné qu’une telle cour n’est pas prévue dans le droit ecclésiastique, nous devons encore nous concerter avec Rome».

Pascal Corminboeuf, vice-président de la Commission Ecoute-Conciliation-Arbitrage-Réparation (CECAR), voit un certain progrès dans ces annonces. A ces yeux toutefois, un tribunal ecclésial n’est pas indispensable. «Mgr Morerod a toujours dénoncé à la Justice des cantons les cas d’abus non prescrits. Dès lors je ne vois pas l’intérêt de constituer un Tribunal pénal ecclésial qu’on critiquera parce qu’il est encore chapeauté par l’Institution», explique-t-il. L’instance devra être transparente, souligne M. Corminboeuf. Le fait que Mgr Gmür promette une cour indépendante est «un aspect fort qui lui donne de la crédibilité». Si Rome l’accepte, «cela serait une première et ouvrirait la porte aussi pour d’autres pays».

L’ancien conseiller d’Etat fribourgeois, qui aujourd’hui représente le point de vue des victimes d’abus au sein de l’Eglise catholique avec la CECAR, estime qu’il est grand temps que les victimes soient entendues. Un centre national d’annonce est nécessaire, surtout pour la Suisse alémanique où les centres d’annonce sont souvent des structures internes à l’Eglise, ce qui est un obstacle pour certaines personnes. Il serait aussi important de parler des indemnisations, dont la hauteur varie selon les cas, avec un maximum fixé à 20’000 francs. «Il est difficile de faire une échelle des abus. Selon les cas, certains gestes ont fait plus de mal qu’un viol».

Ordination des femmes

Dans son interview, Mgr Gmür parle aussi de réformes en profondeur de l’Eglise. Il estime que «le temps est venu d’abolir le célibat. Je n’ai absolument aucun problème à imaginer des prêtres mariés». Quant à l’ordination des femmes, qui sera abordée lors du prochain synode de Rome, il dit en être partisan. «La subordination des femmes dans l’Eglise catholique est pour moi incompréhensible».

«C’est la première fois que les évêques prennent sur eux ces revendications, déjà avancées à des niveaux inférieurs», note M. Corminboeuf. «C’est un immense progrès».

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus