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Suisse

«Les plantes transgéniques peuvent être compatibles avec l'agriculture biologique»

Lauréat du Prix Marcel Benoist, qui honore les chercheurs œuvrant à l'excellence de la recherche suisse, Ted Turlings entend allier agriculture durable et plantes transgéniques.

Ted Turlings recevra ce lundi le Prix Marcel Benoist qui honore les chercheurs œuvrant en faveur de l’excellence de la recherche suisse. © Daniel Rihs

26 octobre 2023 à 20:25

Temps de lecture : 1 min

Sciences » Les plantes transgéniques prennent la lumière ces derniers jours. Alors que le Conseil fédéral a demandé mercredi l’élaboration d’un projet de loi encadrant les nouvelles techniques de génie génétique d’ici à l’été 2024, le Prix Marcel Benoist 2023 sera remis ce lundi à Ted Turlings, biologiste convaincu que «certaines plantes transgéniques sont compatibles avec l’agriculture biologique». Les explications du Néerlandais, directeur du Centre de compétence en écologie chimique de l’Université de Neuchâtel depuis 2014.

En m’intéressant à vos recherches, j’ai trouvé que l’adage «l’ennemi de votre ennemi est votre ami», les résume assez bien. Qu’en dites-vous?

Ted Turlings: On peut dire ça oui. Lorsque je faisais ma thèse en écologie chimique aux Etats-Unis, j’ai découvert que lorsqu’une chenille attaque une plante, en l’occurrence le maïs, la salive de la chenille induit une cascade de réactions très sophistiquées. La salive engendre, chez la plante, l’activation de gènes responsables de la production d’un mélange de molécules odoriférantes. L’odeur produite par la plante attaquée est particulièrement attirante pour des guêpes, qui viennent alors pondre à l’intérieur de la chenille. La larve de guêpe s’attaque à la chenille de l’intérieur et débarrasse ainsi le maïs de son ravageur. La guêpe est l’ennemi de la chenille, qui est l’ennemi du maïs. La communication entre maïs et guêpes est à leur avantage et à celui des agriculteurs, qui n’ont pas à répandre de pesticides pour se débarrasser des ravageurs. On parle dans ce cas de lutte biologique.

Ce phénomène naturel est bluffant mais ne suffit pas à protéger, à lui seul, l’agriculture des ravageurs. Quel enseignement peut-on en tirer pour développer des applications concrètes?

A Neuchâtel, on est en train de tester des capteurs capables de sentir en temps réel quelles odeurs sont libérées par la plante, et donc d’identifier précisément quels insectes ou pathogènes sont en train de l’attaquer avant même que les dégâts ne soient constatés par les agriculteurs. L’idée serait d’installer des capteurs produits par une entreprise zougoise sur des robots de l’entreprise yverdonnoise Ecorobotix, eux-mêmes spécialisés dans la reconnaissance visuelle des mauvaises herbes et utilisés dans l’agriculture. Les résultats actuels sont prometteurs mais il faut maintenant travailler à diminuer la taille et le coût de l’appareil pour pouvoir, à terme, le mettre à disposition des agriculteurs. Pour aller plus loin, on planche sur l’élaboration de plantes capables de produire de plus grandes quantités de substances pour que ces dernières soient encore plus facilement décelables par les capteurs.

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