Les Kogis en visite en Suisse pour évaluer la santé de nos territoires

Rencontre » Cinq Amérindiens vêtus de tenues blanches traditionnelles et équipés de mochilas (sacoches tissées) déambulent dans les rues de Lausanne. Les passants sortent de leurs rêveries, surpris. La scène a tout d’un remake du célèbre film Un Indien dans la ville, à une exception près: souliers de randonnée aux pieds, ce ne sont pas nos villes mais notre nature qu’ils viennent explorer. Du glacier du Rhône en passant par Saint-Maurice, Lausanne ou le CERN de Genève avant de rejoindre la Camargue en France, le projet Shikwakala réunit peuple kogi et scientifiques occidentaux afin d’établir un diagnostic croisé de la santé de nos territoires.

Les indigènes kogis vivent repliés sur les versants de la Sierra Nevada de Santa Maria (Colombie) depuis l’arrivée des conquistadors il y a cinq siècles. Leurs traditions millénaires et leur cohabitation harmonieuse avec l’environnement font d’eux les «gardiens de la nature», un savoir inscrit depuis 2022 au patrimoine immatériel de l’Unesco. Fondée par le géologue Eric Julien, l’association Tchendukua - Ici et Ailleurs s’est donné pour mission de racheter les terres volées au peuple racine.

Choc des cultures

Après la restitution de 2500 hectares de territoire en 25 ans, les Kogis ont proposé d’aider la société moderne en retour en réalisant un diagnostic de santé de territoires fragilisés et urbanisés au fil du Rhône. «On aimerait que les scientifiques nous aident pour rendre compréhensibles nos connaissances, que cela soit utile, pour aider à rééquilibrer les choses, soigner la nature», confie Luis Alimaco, jeune défenseur des territoires kogis et leader communautaire du peuple autochtone.