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Suisse

Prévention. Les casques de ski ne protègent plus assez

Skieuses et skieurs sont de plus en plus rapides et au-delà d’une certaine vitesse, les casques ne protègent plus le cerveau. Le docteur Jean-Yves Fournier note une augmentation des lésions graves.

Les casques actuels des skieurs ne protègent plus le cerveau efficacement à partir de 35 km/h. © Keystone

19 février 2024 à 17:25

Temps de lecture : 1 min

Jean-Yves Fournier est médecin-chef du service de neurochirurgie de l’Hôpital du Valais. Il y a trente ans, il publiait sa thèse sur les traumatismes cranio-cérébraux. «A l’époque, alors que personne ne portait de casque, j’avais relevé sept lésions cérébrales avec déchirures des fibres nerveuses en dix ans. Quand je suis revenu à Sion en 2018, j’ai traité en une saison six cas de skieurs présentant cette même lésion suite à une chute ou un choc, alors qu’ils portaient tous le casque.»

Plus graves qu’une fracture du crâne, les lésions axonales diffuses sont des déchirures des fibres nerveuses du cerveau dues à une rotation rapide ou à une décélération soudaine. Cela peut causer la mort, induire un état de coma ou des déficits neurologiques sévères. Selon le Bureau de prévention des accidents (BPA), chaque hiver, 67 000 personnes résidant en Suisse sont victimes d’un accident en pratiquant le ski, le snowboard ou la luge. Quelque 15% d’entre elles sont blessées à la tête.

Des pointes à 50 km/h

Choqué par ce constat, le médecin s’interroge sur cette paradoxale augmentation des lésions cérébrales graves malgré l’adoption presque automatique du casque. Et la réponse se trouve dans la vitesse de pratique du ski ou du snowboard. La Suva a récemment mené une étude portant sur l’analyse de 380 000 descentes sur ces quatre dernières années. Grâce à son application Slope Track, l’assurance a pu mesurer les vitesses de pointe des skieurs. Septante-cinq pour cent d’entre eux dépassent 50 km/h, 20% vont même au-delà de 70 km/h.

«Le ski carving, les pistes plus larges et mieux préparées ainsi que la neige artificielle dure sont des facteurs qui favorisent la prise de vitesse», analyse Jean-Yves Fournier, qui a travaillé onze ans comme professeur de ski. «Je me souviens qu’à l’époque c’était impensable pour un débutant de s’attaquer à une piste noire après une semaine de cours. C’est pourtant ce qui arrive aujourd’hui grâce à l’évolution du matériel et des pistes. La plupart des accidents sont d’ailleurs liés à une perte de maîtrise.»

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