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Suisse

GSsA. «Les armes ne sont jamais une solution»

En difficulté face aux politiques de réarmement inspirées par la guerre en Ukraine, le groupe pacifiste milite pour l’adhésion de la Suisse au traité qui interdit les armes nucléaires.

Ce samedi, 51 membres du GSsA se sont prononcés pour le lancement d'une initiative sur les armes nucléaires. © GSsA

4 novembre 2023 à 19:20

Temps de lecture : 1 min

Armes nucléaires » Réunis en assemblée extraordinaire ce samedi à Berne, les membres du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) ont décidé de lancer une initiative pour forcer le Conseil fédéral à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), entré en vigueur en janvier 2021. En difficulté face à la guerre en Ukraine, le mouvement pacifiste espère soumettre un texte à la Chancellerie début 2024. Sa secrétaire politique Pauline Schneider répond aux questions de La Liberté.

Pourquoi votre initiative changerait-elle quelque chose à la situation actuelle?

Pauline Schneider: Si nous parvenons à inscrire ce traité dans notre Constitution, le Conseil fédéral n’aura plus le choix et devra le ratifier. Pour l’instant, le gouvernement refuse d’obéir aux injonctions du Parlement qui a voté l’adhésion de la Suisse il y a déjà cinq ans. C’est incompréhensible au moment où le spectre d’une guerre nucléaire redevient d’actualité. Nous ne comprenons pas l’attitude du gouvernement face à l’urgence de la situation.

Les Etats-Unis, la Russie et les pays qui détiennent des armes nucléaires ne ratifieront jamais ce traité…

C’est vrai, mais nous pouvons montrer l’exemple et lancer un signal fort au monde. Il ne faut pas oublier que la Suisse est à l’origine de ce traité. La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) a annoncé ce vendredi qu’elle souhaitait aussi lancer cette initiative. Nous allons tenter de réunir la plus large alliance possible.

La voix du GSsA est-elle vraiment encore audible alors que la guerre en Ukraine dure et qu’un nouveau conflit débute au Proche-Orient?

Oui! Elle est non seulement audible, mais elle est surtout essentielle. C’est justement dans ce contexte guerrier que nous avons besoin d’un discours pacifiste et antimilitariste. Nous devons nous opposer aux voix qui réclament une course aux armements en Suisse et dans le monde. Si nous ne nous faisons pas entendre maintenant, alors quand?

Ces derniers mois, le Parlement a voté pour une augmentation du budget et des effectifs de l’armée. Les élus ne vous ont pas entendu…

Les parlementaires de droite ont utilisé la guerre en Ukraine pour forcer un large réarmement. Ils se sont laissés gouverner par la peur et par le lobby des armes.

Quand la guerre se rapproche, les pays se réarment. C’est un réflexe naturel, non?

Je peux comprendre le réflexe, mais pas les décisions politiques qui en découlent. La Suisse peut faire bien d’autres choses que d’acheter des armes. Nous soutenons les sanctions économiques et nous souhaiterions que la Confédération en fasse plus à ce sujet, parce que la place financière suisse joue un rôle majeur dans le financement de la guerre menée par la Russie. Nous pensons aussi que la Suisse doit promouvoir des solutions de paix. C’est sa tradition et nous ne comprenons pas qu’elle ne se profile pas plus dans ce domaine.

Deux milliards, ce n’est pas beaucoup pour le budget de la Confédération et c’est moins que les pays de l’Otan en pourcentage du PIB…

Nous ne sommes pas membres de l’Otan et nous n’avons pas à nous en rapprocher. L’Otan souhaite ouvrir un bureau à Genève et exerce parfois des pressions sur la Suisse. Nous sommes un pays neutre, nous devons le rester, et je ne vois pas pourquoi nous devrions nous comparer à d’autres pays qui mènent d’autres politiques.

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