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Suisse

L’enfer d’une victime d’abus au collège de Saint-Maurice raconté par sa mère

Décédé en 2016, Jérôme Menétrey est une des victimes d’un des chanoines pédophiles de Saint-Maurice. Sa maman raconte sa longue descente aux enfers «pour réparer ce qui peut l’être et pour alerter d’autres parents».

Malgré le chaos et les souffrances, Patricia Beauverd reste souriante et espère que l’histoire de son fils et de sa famille pourra épargner des souffrances à d’autres. © DR

4 décembre 2023 à 17:50

Temps de lecture : 1 min

Abus sexuels » La «vie devant soi» et une étrange lumière pleine d’amour et de vulnérabilité au fond des yeux. Tel était Jérôme Menétrey à 14 ans. C’était avant que sa route ne croise celle du chanoine pédophile Laurent K.* (1952-2012). C’était en 1997 à l’internat du Collège de l’Abbaye de Saint-Maurice (VS), un établissement renommé, actuellement dans la tourmente après la révélation d’abus sexuels systémiques, où avaient été scolarisés avant lui le conseiller fédéral Pascal Couchepin, l’écrivain Maurice Chappaz ou encore l’ancien président de la Banque nationale suisse Jean-Pierre Roth.

Le petit Vaudois avait été envoyé là par sa maman, Patricia Beauverd, afin de se remettre en selle après le divorce très conflictuel de ses parents. «Jérôme, qui avait beaucoup souffert de ne soudainement plus voir son père, semblait renaître. Ses résultats scolaires remontaient en flèche, se souvient Patricia Beauverd en souriant tristement. Il était en quête d’une figure paternelle et un de ses professeurs semblait endosser ce rôle avec bienveillance. J’étais ravie.»

Un week-end à ski seul avec le chanoine

A l’époque, le Neuchâtelois Laurent K. était un pédophile de 45 ans pratiquant depuis deux décennies déjà. C’est en 1977-1978, lors de son tour du monde, qu’il avait pour la première fois eu des relations sexuelles avec de jeunes garçons du côté de Bangkok et Manille, comme en atteste une lettre confession fleuve de 11 pages, écrite en mars 1998 à l’abbaye d’Hauterive et révélée par le média Le Peuple.

«Il me disait que ce prof était formidable, qu’il allait chez lui réviser ses leçons, qu’il l’aidait. Et un jour, le chanoine l’a invité à skier. Je lui ai téléphoné et ai découvert que Jérôme aurait en fait été seul avec lui tout un week-end. J’ai décliné poliment mais sans le soupçonner de pédophilie pour autant», se souvient Patricia Beauverd.

Quelques semaines plus tard, son fils revient passer un week-end à la maison avec une cassette vidéo prêtée par le chanoine. «On y voyait divers animaux en train de copuler. C’était bizarre et totalement déplacé…» Là-dessus, Jérôme montre à sa maman des petits billets que lui faisait passer son professeur. Ces mots d’affection écrits sur des post-it jaunes auraient été anodins de la part d’un camarade ou d’un frère, mais semblaient bien étranges de la part d’un adulte endossant un rôle de professeur…

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