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Suisse

Le mutisme des autorités face à la hausse des actes antisémites en Suisse romande irrite

Secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation en Suisse romande, Johanne Gurfinkiel regrette que le boom des actes antisémites dans nos régions n’ait «fait l’objet d’aucune réaction» de la part des autorités.

A Fribourg, un premier tag antisémite a été rapporté à la CICAD ce vendredi. Ce dernier a déjà été effacé par la voirie.  © DR

3 novembre 2023 à 19:10

Temps de lecture : 1 min

Discrimination » Insultes, tags, messages haineux, dégradations, depuis la reprise du conflit au Proche-Orient, les cas d’antisémitisme se multiplient en Suisse romande. Préoccupée, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation en Suisse romande (CICAD) tire la sonnette d’alarme. Dans une interview accordée à La Liberté, Johanne Gurfinkiel, secrétaire général, s’irrite du «mutisme» des autorités cantonales face au sentiment de crainte de la communauté juive.

Depuis l’offensive du Hamas en territoire israélien et la violente riposte de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, on observe une vague d’antisémitisme dans les pays voisins du nôtre. Qu’en est-il de la situation en Suisse romande?

Johanne Gurfinkiel: L’antisémitisme n’est pas né le 7 octobre, mais l’antisémitisme a connu une poussée phénoménale dans la majeure partie des pays occidentaux depuis ce jour-là, et la Suisse n’y échappe pas. Entre le 7 et le 31 octobre, nous avons enregistré 146 cas d’antisémitisme en Suisse romande, contre une trentaine en octobre 2022. Parmi ces cas, 106 se sont déroulés en ligne, et 40 dans l’espace public.

Quelles formes prennent ces violences?

La première vague, la plus visible, était constituée de graffitis comme «Hamas merci», que l’on a vu apparaître çà et là. Ensuite, des messages sont arrivés dans le cadre de manifestations propalestiniennes pourtant annoncées comme pacifistes. En parallèle ont commencé à apparaître des commentaires haineux sur internet, comme «Hitler n’a pas fini le boulot». La RTS a par exemple dû fermer l’accès aux commentaires des lecteurs, mais d’autres médias ne l’ont pas fait et ont laissé ce type de messages se diffuser. Enfin, nous sommes passés à un degré encore supérieur lorsque des personnes reconnaissables comme Juives ont été interpellées et insultées dans l’espace public. Des injures telles que «sale Juif», des portes ou des boîtes aux lettres marquées de croix gammées ou de l’étoile de David nous ont été rapportées.

Est-ce que cela s’exprime de la même manière dans toutes les régions et parmi toutes les générations?

La majeure partie des actes recensés concerne les cantons de Genève et de Vaud. Le premier cas fribourgeois nous a été rapporté ce vendredi, il s’agit d’une étoile de David accompagnée de deux flèches pointant vers une poubelle réservée aux déjections canines… Le tag en question a été immédiatement effacé par la voirie. En ce qui concerne la question générationnelle, l’antisémitisme est aussi une réalité dans les cours d’école. Les plus jeunes sont abreuvés par ces informations d’une manière ou d’une autre, via les réseaux sociaux, mais aussi à la télévision, dans le cadre familial et amical.

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