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Suisse

Le Mouvement citoyens genevois voudrait s’étendre en Suisse

Gonflé à bloc par l’élection triomphale de Mauro Poggia au Conseil des Etats, le MCG aimerait essaimer au-delà de la Versoix. Mais il y a des limites à l’ambition du parti dont l’axe principal est la limitation des frontaliers sur territoire genevois.

Mauro Poggia défend l'idée d'un MCG qui dépasse les frontières cantonales. L'enjeu: constituer un groupe à Berne. © Keystone

26 novembre 2023 à 20:35

Temps de lecture : 1 min

Politique » Verra-t-on naître un Mouvement citoyens vaudois, jurassien voire neuchâtelois qui s’inspirent du Mouvement citoyens genevois (MCG) ? L’euphorie des très bons résultats obtenus aux dernières élections fédérales gagne le parti anti-frontalier du bout du lac. Il est vrai que son porte-enseigne Mauro Poggia a remporté haut la main la course au Conseil des Etats tandis que Roger Golay et Daniel Sormanni ont décroché la timbale au Conseil national. Mais l’ambition affichée dans Le Matin Dimanche de conquérir d’autres cantons laisse perplexe. «Cette stratégie relève certainement de l’euphorie provoquée par les trois sièges gagnés lors des élections fédérales», explique Pascal Sciarini, politologue. «Excellents résultats qu’il faut d’ailleurs nuancer pour les deux fauteuils conquis au Conseil national: l’un des deux est dû à l’apparentement conclu avec la droite.»

De l’avis du politologue genevois, le paysage politique suisse est déjà suffisamment occupé surtout pour un parti qui a pour principal axe politique de limiter le nombre de frontaliers venant travailler à Genève. «Cette quasi mono thématique limite le nombre de cantons où ce message pourrait porter», note Pascal Sciarini.

Il se sent pousser des ailes

Il n’empêche: fort des points gagnés déjà lors des communales ce printemps à Genève, le MCG s’est renforcé après avoir connu une période de crise et se sent pousser des ailes. Mauro Poggia verrait bien naître le Mouvement citoyen suisse. Le rêve du sénateur serait de faire élire cinq personnes au Parlement fédéral ce qui lui permettrait de constituer un groupe. Mais pour atteindre ces buts élevés, il manque au MCG des ingrédients essentiels. «Essaimer hors canton signifie qu’il faut en priorité développer une thématique qui n’est pas déjà proposée par une autre formation politique», explique P. Sciarini. «Or, la politique anti-immigration ou de limitation du nombre d’étrangers, antisystème et défendant les petites gens est déjà largement proposée par l’UDC. Entrer en compétition avec ce parti sur ce terrain-là sans originalité programmatique est à coup sûr voué à l’échec.» Lors des dernières fédérales, l’UDC a du reste réussi de jolis coups dans les cantons de Neuchâtel où Didier Calame a obtenu un siège au Conseil national et du Jura où Thomas Stettler a fait de même. Lors des élections fédérales de 2011, le MCG n’avait pas réussi sa tentative de proposer des candidats dans le canton de Vaud.

En plus d’un programme original et qui embrasse large, il faut aussi une personnalité qui dépasse les frontières du canton de Genève. Sans être injuste, on ne peut pas dire que le président actuel du MCG, François Baertschi, fasse l’affaire. La seule tête d’affiche reste Mauro Poggia. «Certes, il est très populaire à Genève où il a renforcé sa notoriété durant la pandémie en gérant en tant que conseiller d’Etat la politique de santé», observe le politologue. «Mais à mon avis, dès que l’on dépasse la Versoix, sa notoriété baisse: il est peu connu en Suisse romande et encore moins en Suisse alémanique.»

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