Logo

Suisse

Analyse. la Suisse n’aime pas les coups de force

La majorité de droite UDC-PLR du Conseil fédéral s’est taillé la part du lion lors de la nouvelle répartition des départements il y a dix jours. Mais attention à l’euphorie


20 décembre 2022 à 21:53

Analyse » Le geste est symbolique, mais il traduit une forme de prise de pouvoir. En reprenant ce mardi des mains d’Ueli Maurer les clés du Département des finances, Karin Keller-Sutter se voit promue à un poste stratégique qui lui permettra de se mêler des affaires de chacun de ses collègues. C’est elle qui tient désormais la bourse du Conseil fédéral, ou plutôt la tirelire en forme de cochon que lui a offert son prédécesseur.

Avec Karin Keller-Sutter (PLR) aux Finances et le petit nouveau Albert Rösti (UDC) à la tête du département mammouth de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), la majorité de droite UDC-PLR du Conseil fédéral (4 postes sur 7) s’est taillé la part du lion lors de la nouvelle répartition des départements il y a dix jours.

Conspué à gauche

Beaucoup de commentateurs ont voulu y voir un coup de force, applaudi à droite, conspué à gauche. Ce coup de force a été grandement facilité par la volonté de la centriste Viola Amherd de rester à la Défense, alors que le DETEC lui tendait les bras et que son parti l’encourageait fortement à déménager. Mais c’est sûr que, faute de majorité au sein du collège, le socialiste Alain Berset a été freiné dans ses envies de changer d’air, aux Finances voire aux Affaires étrangères, susurrait-on. De même, la nouvelle élue socialiste Elisabeth Baume-Schneider a été forcée de prendre la dernière tranche de gâteau, avec Justice et police, ainsi que le très sensible dossier de l’asile.

Bref, il y a de quoi claironner pour la droite. Attention toutefois à ne pas le faire trop fort, car elle pourrait vite déchanter! Pays par excellence des équilibres politiques, la Suisse et les Suisses n’aiment pas les coups de force.

Deux précédents notables

Deux épisodes notables de la dernière décennie sont là pour nous le rappeler. Les élections fédérales de 2015 ont été marquées par la victoire de la droite. Le bloc UDC-PLR s’emparait de la majorité au Conseil national. Les milieux économiques se frottaient les mains: on allait enfin pouvoir mener une véritable politique libérale en Suisse, sans trop se préoccuper des états d’âme du PDC (Le Centre aujourd’hui) et de l’opposition de la gauche.

Un an et demi plus tard, patatras! Menée au pas de charge par une droite triomphante, la troisième réforme de la fiscalité des entreprises (RIE3) est sèchement rejetée en votation populaire (59,1% de non).

Un an et demi plus tard, patatras!

La belle dynamique de droite est cassée. La suite de la législature est marquée par un retour à la recherche du consensus. Cela se traduit en particulier par le paquet RFFA, qui mêle habilement réforme de la fiscalité des entreprises et financement complémentaire de l’AVS. Succès retentissant en votation populaire: le paquet est approuvé par deux tiers (66,4%) des Suisses en 2019.

La vague verte s’écrase

La même année, les élections fédérales sont marquées par une vague verte qui déferle sur la Suisse. Les Verts passent de 11 à 28 sièges au Conseil national, les Vert’libéraux de 7 à 16 sièges, soit un gain de 26 mandats pour la cause environnementale et climatique. Du jamais-vu dans un pays où la stabilité politique est une marque de fabrique. Sous l’impulsion de sa présidente d’alors Petra Gössi, le PLR avait anticipé cette vague en effectuant un virage vert.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus