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Suisse

Enquête. La proximité de Philip Morris avec des études menées à l’EPF de Zurich inquiète

Une enquête de l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (AT Suisse) ravive la question de l’influence des lobbies de l’industrie du tabac sur la recherche et la politique en Suisse.

La société de tabac Philip Morris est régulièrement pointée du doigt pour ses campagnes de lobbying. © Keystone

8 février 2024 à 12:05

Temps de lecture : 1 min

L’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) reconnaît avoir bénéficié du soutien financier du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) mais aussi de fonds alloués par le cigarettier Philip Morris (PMI) dans le cadre d’une étude sur l’impact des toxines du tabac sur l’ADN. C’est ce qui ressort d’un rapport publié jeudi par l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (AT Suisse).

Intitulé «Le benzopyrène, le tabac et l’argent. La recette parfaite de Philip Morris International pour une recherche scientifique toxique», l’enquête d’AT Suisse ravive la question de l’influence des lobbies de l’industrie du tabac sur la recherche et la politique en Suisse.

En février 2023, le département des sciences de la santé et de la technologie de l’EPFZ publie une étude sur le benzopyrène, un agent cancérigène connu dans la fumée du tabac, et son impact sur la modification de l’ADN. En bas de la publication, dans le chapitre dédié au financement, les auteurs de l’étude remercient «Philip Morris International et le Fonds national suisse de la recherche scientifique pour leur soutien financier».

En effet, sur sa page web «News & Events», l’EPFZ indique clairement que «pour cette étude, les scientifiques de l’ETH Zurich ont collaboré avec des scientifiques de la société de tabac Philip Morris. L’entreprise a également contribué au financement de la recherche. Cette étude a également été financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.»

Troublante collaboration

Il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention d’AT Suisse et de son directeur Luciano Ruggia, qui décide de tout faire pour dissiper le nuage de fumée qui englobe cette troublante collaboration. Selon le rapport publié à l’issue de l’enquête, il semble qu’il y ait eu des collaborations antérieures entre les principaux auteurs de l’étude et le PMI. D’autres recherches de l’EPFZ ont, en outre, également reçu des fonds du cigarettier.

A cela s’ajoute le fait que le FNS n’a jamais été informé qu’une société de tabac cofinançait l’étude en question. L’équipe de recherche de l’EPFZ a donc violé les règles explicites de la fondation pour la recherche.

Interpellée par La Liberté, cette dernière confirme avoir pris connaissance de l’affaire par le biais d’AT Suisse. Elle précise cependant qu’«il n’y a pas eu de cofinancement des recherches avec Philip Morris International». «Le FNS a interpellé la chercheuse concernée dans le cadre d’une procédure administrative pour faire toute la lumière sur les recherches en cause et leurs modalités», fait-on savoir.

«A l’issue de cette procédure, il s’est avéré que les recherches financées par le PMI et le FNS respectivement étaient des recherches menées indépendamment l’une de l’autre, et ce, contrairement à ce que pouvait laisser supposer la mention figurant dans la publication», indique le FNS. Et de préciser que la fondation «enverra désormais chaque année aux chercheurs et chercheuses un courriel pour leur rappeler d’informer le FNS de toute collaboration avec un partenaire externe».

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