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Suisse

Révolte paysanne. «La politique agricole suisse a atteint ses limites»

La colère des agriculteurs couve de longue date, estime l’anthropologue Jérémie Forney. Interview.

Le mode d’action pour le moment: retourner des panneaux. © Keystone

31 janvier 2024 à 16:40

Temps de lecture : 1 min

La révolte paysanne qui touche l’Europe et la Suisse est soudaine, mais pas surprenante, estime l’anthropologue Jérémie Forney. Pour ce professeur à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel, qui s’intéresse depuis une vingtaine d’années aux transformations du monde agricole suisse, cela fait longtemps que la colère couve. Interview.

Avez-vous été surpris de voir la révolte des agriculteurs français s’étendre à la Suisse?

Jérémie Forney: Pas vraiment. Au contraire, je me demandais plutôt à quel moment allait naître un mouvement de contestation collectif. Car le monde agricole exprime depuis longtemps une profonde frustration. Les causes sont diverses: aux pressions économiques s’ajoutent l’impression de subir la politique agricole, ainsi qu’un sentiment général d’acharnement contre l’agriculture sur les questions environnementales.

Le monde agricole n’est-il pas lui-même divisé sur ses revendications?

D’un côté, les problèmes et intérêts individuels exprimés sont effectivement assez différents. Mais derrière cette grande diversité se cachent des expériences très similaires au quotidien: les agriculteurs sont confrontés à une bureaucratisation avancée, très dirigiste et basée sur le contrôle de leurs activités. Alors qu’ils sont fiers de leur métier, ils ont l’impression qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur. Ce manque de reconnaissance est source d’une grande souffrance.

Ce sentiment est-il nouveau?

Depuis que je travaille avec les agriculteurs, ces tensions n’ont jamais été résolues. Il y a eu des mouvements de contestation et des mesures de correction, mais dans l’ensemble, le système est resté le même depuis longtemps. D’où une forme de découragement, d’épuisement et d’insatisfaction latente.

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