La Fondation Théodora fête ses 30 ans et compte déjà 2 millions de visites

Soins » Des ballons et des tours de magie pour masquer les pansements et les perfusions. Des sourires pour masquer la maladie. C’est ce que la Fondation Théodora s’applique à faire depuis 30 ans en offrant des visites d’artistes professionnels, appelés docteurs rêves, dans des hôpitaux et institutions spécialisées en Suisse. Entretien avec André Poulie, cofondateur avec son frère Jan, à l’occasion de l’annonce de la deux millionième visite de la fondation, dont pas loin de 40 000 à Fribourg, où les clowns de Théodora proposent des moments d’évasion aux enfants depuis 27 ans déjà.

Pourriez-vous nous raconter la première visite d’un clown de la Fondation Théodora auprès d’un petit patient, il y a 30 ans?

André Poulie: La première visite s’est déroulée à la clinique pédiatrique du CHUV, grâce au Dr Daniel Beck, chef du département d’oncologie pédiatrique, qui avait accepté de nous ouvrir les portes pour une période d’essai de trois mois. Les enfants, mais aussi tout le personnel soignant, ont accueilli nos deux premiers docteurs rêves, baptisés Bobo et Panosse, avec beaucoup de plaisir et de curiosité. C’était un moment magique. Ça a tellement bien fonctionné qu’après trois semaines seulement, le Dr Beck nous a confirmé que le programme serait établi de manière durable. Cette première visite a eu lieu à une date très symbolique, le 20 avril 1993, qui correspond au jour d’anniversaire de notre mère Théodora.

Théodora, votre mère, n’a pas uniquement donné son nom à la fondation. En réalité, c’est elle qui a effectué la première visite, bien avant ce 20 avril 1993…

C’est vrai. En 1974, alors que j’avais 10 ans, mon frère et moi avions pour habitude de faire toutes sortes d’expériences dans le jardin de notre maison, sise à Aubonne (VD). Un jour, nous avons eu la mauvaise idée de jouer avec la tondeuse à gazon. Je me suis blessé au talon, j’ai été très atteint et j'ai subi 14 opérations. Durant mon hospitalisation, Théodora venait me rendre visite. Elle chantait magnifiquement bien, avait une imagination débordante, une joie de vivre spontanée. Elle amenait des jeux et des petits gâteaux. C’était des moments délicieux qui me permettaient de m’évader de l’hôpital. Ce n’est que plus tard, en faisant ma licence d’économie aux Etats-Unis, que j’ai découvert le programme de clowns d’hôpitaux instauré par Michael Christensen au Big Apple Hospital, à New York. Quand ma mère est décédée, je me suis tourné vers mon frère et je lui ai dit: et si on faisait ça en Suisse?