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Suisse

Santé. La consommation accrue de médicaments ne serait «pas problématique en soi»

Publiée lundi, l’enquête suisse sur la santé relève, entre autres, une consommation médicamenteuse à la hausse. Décryptage de cette tendance avec le professeur Antoine Flahault.


30 janvier 2024 à 17:15

Temps de lecture : 1 min

Lunettes, maux de dos, appareils dentaires ou encore troubles du sommeil, ainsi se porte la santé des Suisses. Selon l’enquête suisse sur la santé, publiée lundi par l’Office fédéral de la statistique (OFS), 55% de la population a pris un médicament sur une période de sept jours en 2022. Passant de 38% en 1992 à 50% en 2017, la part de la population prenant régulièrement des médicaments est en hausse constante depuis 30 ans. Sommes-nous réellement de plus en plus malades ou simplement plus enclins à avaler des pilules au moindre bobo? Eclairage avec le professeur Antoine Flahault, directeur de l’Ecole suisse de santé publique et de l’Institut de santé globale de la Faculté de médecine de l’Université de Genève.

La consommation de médicaments monte en flèche en Suisse. Sommes-nous de plus en plus malades?

Antoine Flahault: Oui et non… Il y a deux raisons qui expliquent l’augmentation de la consommation de médicaments. D’une part, la population suisse vieillit et de ce fait, elle a plus de maladies chroniques et de cancers, qui ont tendance à augmenter avec l’âge. Cet effet démographique est très important. D’autre part, l’accroissement de la consommation médicamenteuse correspond à des progrès thérapeutiques permettant de mieux dépister et traiter des maladies qui ne bénéficiaient pas de ces traitements auparavant. En ce sens, l’augmentation de la consommation de médicaments serait plutôt un progrès et non un indicateur d’alerte.

C’est surtout la part de personnes prenant des antidouleurs qui s’est accrue, passant de 12% en 1992 à 26% en 2022. Comment expliquer cela?

Le vieillissement de la population suisse s’accompagne arithmétiquement d’une augmentation des troubles ostéoarticulaires qui peuvent être à l’origine de douleurs et de demandes accrues d’analgésiques de la part des patients. Longtemps la prise en charge de la douleur a été taboue. Pire, elle était défaillante lorsqu’on laissait souffrir quelqu’un sans lui administrer les analgésiques qui auraient pu le soulager. Aujourd’hui, on ne se plaindra donc pas que les médecins soient davantage à l’écoute de leurs patients et les soulagent de leurs douleurs. Que la part des personnes utilisant des analgésiques soit accrue n’est donc pas problématique en soi, si elle est le reflet de prescriptions justifiées. Après, bien entendu, la consommation idéale de médicaments que je souhaite à chacun est… de ne pas avoir à en consommer!

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