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Suisse

Charles Morerod sur les abus dans l'Eglise.  «Il reste un travail colossal à faire»

L’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, appelle à des réformes dans le fonctionnement de l’Eglise catholique.

Mgr Morerod rappelle que son diocèse a été le premier à signaler les cas d’abus à la police. © Alain Wicht

13 septembre 2023 à 23:55

Temps de lecture : 1 min

Abus sexuels
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Evêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), Charles Morerod salue les résultats du rapport préliminaire présenté mardi sur les abus sexuels au sein de l’Eglise. Il souhaite des études plus approfondies pour mettre en place une meilleure prévention. Charles Morerod en appelle à des réformes dans le fonctionnement de l’institution romaine.

Etes-vous surpris par l’ampleur des abus sexuels dans l’Eglise, révélés par l’enquête nationale ce mardi?

Charles Morerod: Non. Si la Conférence des évêques suisses a demandé une enquête, on pouvait imaginer que les résultats allaient être accablants. Nous avions conscience de la nécessité de le faire. Je redis aujourd’hui ce que j’avais déclaré en 2015 après l’enquête menée sur l’Institut Marini de Montet, dans le canton de Fribourg, qui avait mis au jour certains agissements pervers, sadiques et pédophiles jusque dans les années 1950: il faut mener des études indépendantes pour mieux comprendre les processus qui permettent ces abus. Seule une convergence d’études nationales et internationales permettra de comprendre ces phénomènes en profondeur pour mettre en place une prévention efficace.

S’agit-il du sommet de l’iceberg? L’étude évoque un millier de cas d’abus, mais on sait qu’un seul agresseur a pu s’en prendre à plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de personnes.

Les historiennes mandatées font l’énumération des cas connus à ce jour, sans extrapolation. En France, l’étude de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, ndlr) de 2021 ne s’est pas arrêtée à une liste de cas mais a extrapolé des chiffres par un biais sociologique. En Suisse, l’approche est pour l’heure différente. Mais nous pouvons nous attendre à ce que les cas connus ne soient pas les seuls et que d’autres apparaissent. Il reste un travail colossal à faire.

Vous avez vous-même été mis en cause avec d’autres évêques par des dénonciations de Nicolas Betticher (ancien vicaire général du diocèse, ndlr) révélées dimanche. Que répondez-vous à ces accusations?

Je ne peux pas m’exprimer sur une enquête en cours.

Est-ce qu’il s’agit exclusivement d’affaires connues et prescrites ou y a-t-il des éléments nouveaux?

Les faits ne sont pas récents, mais l’enquête devra l’établir. Il ne me revient pas non plus de me prononcer sur la prescription d’une affaire. Je ne peux pas exclure qu’il y ait de nouvelles informations concernant des abuseurs et des victimes.

Redoutez-vous les résultats de cette enquête?

En ce qui me concerne, je ne suis pas inquiet et j’attends les résultats avec sérénité. Ce n’est pas que je tienne particulièrement à ma fonction d’évêque: si je devais démissionner de ma fonction, ce serait pour moi une libération.

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