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Suisse

Filmer un accident n’est pas forcément une bonne idée

Lors de catastrophes, certaines personnes prennent des images, parfois contre l’intérêt des victimes

Il s’agit là d’un exercice, mais si cet accident était véridique, le photographier aurait pu entraîner des ennuis judiciaires pour l’auteur des images. © Charles Ellena-archives

26 septembre 2023 à 18:30

Temps de lecture : 1 min

Société » Un accident, un incendie, une catastrophe naturelle: ce genre d’événements attire souvent des curieux. Ainsi, le Tages-Anzeiger rapportait début septembre la présence d’individus venus voir le glissement de terrain à Schwanden (GL), au grand dam des autorités. Car, non seulement ces personnes se mettent en danger – notamment lorsqu’elles pénètrent dans la zone interdite –, mais elles gênent les opérations de secours.

Parfois, ce genre d’attitude dérape, comme début septembre, en France, lorsque quatre personnes ont failli se noyer en mer, dans le Finistère. Si un couple s’est précipité au secours des malheureux, les autres baigneurs présents sur la plage n’ont pas bougé le petit doigt. Ou plutôt si: pour dégainer leur smartphone et filmer.

«Les catastrophes ont toujours suscité de l’intérêt et, parfois, une forme de voyeurisme», note Olivier Glassey, sociologue, spécialiste du numérique à l’Université de Lausanne. «Avec les technologies actuelles, beaucoup de gens ont le réflexe de capturer des événements de leur quotidien. Un accident peut entrer dans cette catégorie et ainsi faire l’objet de prises de vues.» Pour l’expert, certains auteurs de ces photos ou vidéos ne sont pas forcément malintentionnés. «Ils ont parfois l’impression de témoigner ou cherchent à comprendre ce qui s’est passé.»

Se mettre en scène

Depuis quelques années, une nouvelle motivation à capter des accidents est apparue, selon lui. «Les réseaux sociaux peuvent inciter certaines personnes à chercher avec avidité les événements qui sortent de l’ordinaire. Ils imaginent de manière assez cynique l’apport en termes de notoriété que la circulation de ce type d’images pourrait leur apporter», rapporte le chercheur.

Conséquence: cela peut les pousser à se mettre en scène sur le site d’une catastrophe. Les considérations éthiques passent à la trappe. Et Olivier Glassey de mentionner les cas extrêmes: «Les gens préfèrent filmer plutôt que porter secours aux personnes accidentées et vivent la scène comme un spectacle.» C’est exactement ce qui s’est passé sur cette plage du Finistère.

Il existe un cas particulier de voyeurisme qui agace particulièrement les Forces de l’ordre. «La curiosité des usagers qui s’arrêtent ou qui ralentissent pour photographier et filmer est la principale source des suraccidents et des bouchons. Ces conducteurs commettent ainsi une infraction à la loi sur la circulation routière», rappelle la police vaudoise. Ce genre de comportement est proscrit. La peine varie et peut aller de la simple amende au retrait du permis de conduire, voire à une peine privative de liberté si la personne qui filme ou photographie entrave la circulation, le passage ou le travail des secours, précise la police cantonale fribourgeoise.

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