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Suisse

«Dans leur majorité, nos clients compensent leurs émissions CO2»

Les réservations des vols pour les vacances d’été sont en hausse, mais la compensation des émissions aussi

Cet été également, l’aéroport de Genève sera très fréquenté. Les réservations de vols en avion sont en légère hausse en 2019, malgré les «marches pour le climat».

6 juin 2019 à 21:21

Climat » «Cet été, nous resterons en Suisse et allons profiter du Magic Pass. L’avion? Nous l’évitons. Cela fait trois ans que nous ne l’avons pas pris. Et déjà à l’époque, nous avions compensé nos émissions de CO2 via la plateforme Myclimate.» Pour Ludovic Despond, enseignant spécialisé de 43 ans, habitant Riaz et père de deux filles, les vacances riment avec prise de conscience.

Comme ce Fribourgeois, les gens font toujours plus d’efforts pour réduire leur empreinte carbone. Et pas seulement durant la pause estivale. Au 1er trimestre 2019, trois fois plus de CO2 émis par les voyages en avion des Suisses ont été compensés par rapport à la même période l’an dernier. «Et si l’on compare les mois d’avril 2018 et 2019, la hausse atteint même 400%», se réjouit Kai Landwehr, porte-parole de Myclimate, une fondation spécialisée dans la compensation des émissions de CO2, basée à Zurich.

Compensation en hausse

L’effet «marches pour le climat»? Un coup d’œil aux statistiques montre que cet engouement pour la compensation ne remonte pas aux manifestations de ces derniers mois lancées par la jeune Suédoise Greta Thunberg. Mais celles-ci ont sans doute joué un rôle d’accélérateur. Près de 10’000 tonnes de CO2 émises par les déplacements dans le ciel ont été compensées en 2014 en Suisse, contre 19’000 en 2017 et 32’000 en 2018. Par exemple, pour un vol aller-retour Genève-New York en classe économique, il en coûte de 18 à 66 francs, selon que la compensation s’effectue sur le site de Swiss ou de Myclimate (lire ci-dessous).

«Les clients sont plus sensibles au climat et nous demandent comment compenser leurs émissions de CO2», observe Prisca Huguenin-dit-Lenoir, porte-parole d’Hotelplan. «D’ailleurs, nos conseillers les informent de manière systématique.» Ce que fait également Kuoni. «Dans leur majorité, nos clients compensent leurs émissions de CO2», apprécie François Sancho, responsable des ventes en Suisse romande.

Changement de topo auprès des agences de voyages plus petites. Chez Tech Travel, à Ecublens (VD), les clients ne demandent jamais de compenser leurs émissions de CO2, relève Julien Baldo. «Nous ne leur parlons pas non plus de cette possibilité, mais pour les trajets sur de courtes distances, nous proposons une alternative en train.»

Quant aux compagnies aériennes, elles observent un très faible taux de compensation via leurs sites, moins de 1% des passagers, rapporte Meike Fuhlrott, porte-parole de Swiss. Du côté d’easyJet, le transporteur low cost a carrément abandonné en 2010 l’option de compensation des émissions par la clientèle, trois ans après son introduction, faute de succès.

Le timide retour du train

Cette hausse des compensations est trompeuse: l’avion a toujours la cote auprès de nombreux estivants. A l’image de Fanny Ollivier, employée dans l’administration âgée de 37 ans et mère d’un enfant, qui prendra l’avion pour Nantes cet été, au départ de Genève. «Nous souhaitions voyager en train, mais la durée du trajet, le changement de gare à Paris avec un enfant en bas âge et les nombreux bagages pour trois semaines de vacances nous ont découragés.» Consciente de l’impact écologique de ses vacances, la Vaudoise compensera ses émissions.

Les chiffres de Swiss sont parlants: pour le premier trimestre de 2019, la compagnie aérienne a enregistré une croissance du nombre de passagers d’environ 2%. «La demande de transport aérien continue d’augmenter, notamment pour cet été par rapport à l’an dernier», indique la porte-parole Meike Fuhlrott. Une observation confirmée par Hotelplan et Kuoni, qui ne constatent aucune tendance à la baisse dans les réservations de voyages en avion.

«Nous avons constaté un boom pour les trajets en train ce printemps, mais cette tendance ne s’est pas confirmée.»

Bruno Figueiredo, de l’agence STA Travel à Fribourg

Le transport aérien ne fait pas pour autant d’ombre au train. «Il y a une hausse des demandes de renseignements et de ventes», salue Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF. Des villes comme Venise, Paris, Vienne ou Hambourg sont très appréciées des familles. La vente d’abonnements Interrail est également en hausse.

«Lors des manifestations en faveur du climat du début d’année, nous avons observé un petit boom pour des destinations proches et pour des voyages en train», constate Bruno Figueiredo, responsable de l’agence STA Travel à Fribourg. «C’est un phénomène intéressant, car jusqu’en 2019, les demandes pour des déplacements en train étaient très rares. Cette tendance ne s’est cependant pas confirmée ce printemps et le nombre de ces demandes a diminué.»

Des vacances en Suisse

Le voyageur sur rails se heurte encore souvent à une barrière psychologique. «En général, lorsqu’un déplacement en train dépasse quatre heures, les clients tendent à privilégier l’avion», relève Prisca Huguenin-dit-Lenoir. Malgré tout, l’intérêt croissant pour le transport ferroviaire encourage les CFF à évoluer. Il y a encore quelques semaines, l’ex-régie fédérale excluait le retour des trains de nuit. Mais comme la télévision suisse alémanique l’a dévoilé la semaine dernière, les CFF se demandent s’ils ne vont pas les réintroduire au départ de la Suisse.

La demande est forte, selon un sondage de l’Association transports et environnement (ATE): 60% de la population voyagerait volontiers ainsi en Europe, mais l’offre fait défaut.

Certains privilégient des vacances locales. Entre 2013 et 2018, la hausse des nuitées des touristes suisses dans les hôtels du pays est de 9,4%. «Depuis plusieurs années et indépendamment des discussions liées au réchauffement climatique, la demande est croissante pour des séjours en Suisse ou des destinations moyenne distance. Des voyages thématiques – randonnées, balades à vélo, etc. – sont particulièrement appréciés», détaille François Sancho, de Kuoni.


Trois questions à Kai Landwehr, porte-parole de la fondation MyClimate

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