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Suisse

«Bilan en partie mitigé» pour Berset, qui a pour la dernière fois annoncé une hausse de primes

La hausse moyenne des primes pour l’an prochain est de 8,7%, soit près de 30 francs par mois, de quoi plomber le moral d’Alain Berset, qui se prêtait ce mardi à l’exercice pour la dernière fois

Alain Berset a dû annoncer ce mardi que les primes-maladie vont crever le plafond avec une hausse de 8,7% en moyenne. © Keystone

27 septembre 2023 à 00:40

Temps de lecture : 1 min

Santé » C’est comme une piqûre chez le médecin. On sait que ça va faire mal et pourtant, quand ça arrive, on est quand même surpris de voir à quel point ça fait mal. Les primes-maladie vont augmenter de 8,7% en moyenne suisse l’an prochain, soit près de 30 francs par mois et par personne. C’est la troisième hausse la plus élevée depuis l’introduction de la loi sur l’assurance-maladie, en 1996. La prime moyenne mensuelle s’élèvera à 359,50 francs en 2024. A Fribourg, la hausse est supérieure (9,6%) à celle enregistrée sur le plan national, pour une prime moyenne à 339 fr. 40.

Alain Berset s’est prêté pour la dernière fois ce mardi à la présentation de la facture. «Ce n’est pas un exercice qui va beaucoup me manquer», a confié, un brin désabusé, le ministre de la Santé en partance. «C’est une hausse très élevée», a-t-il été forcé de reconnaître, «et c’est une très mauvaise nouvelle pour les ménages qui doivent déjà faire face à la hausse du prix des loyers et de l’électricité notamment».

Le Fribourgeois s’est toutefois empressé de la relativiser en soulignant que, depuis 2018, la hausse moyenne des primes n’est «que» de 2,4%, et cela en incluant celle record pour 2024. Il semble bien loin toutefois le temps où il pouvait annoncer une baisse de 0,5% des primes. C’était il y a tout juste deux ans seulement.

Le reflet des coûts

Comment expliquer cette hausse record? «Les primes ne sont que le reflet des coûts de la santé», martèle Alain Berset, graphique à l’appui montrant leur évolution parallèle sur 25 ans. L’augmentation des coûts s’explique d’abord par les facteurs que la directrice de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) Anne Lévy qualifie de «réjouissants», à savoir le vieillissement de la population et les progrès de la médecine.

Ces dernières années, la crise du Covid est venue perturber les prévisions, créant de fortes disparités. Ainsi la hausse des coûts bien plus forte que prévu cette année conduit à une correction sur les primes l’an prochain. Il y a une autre cause paradoxale à cette hausse record. Vu la forte crue des primes l’an dernier déjà, les Suisses se sont précipités pour changer d’assureur, de franchise ou de modèle de soin. Cela leur a permis de limiter la facture, mais cela a aussi représenté un manque à gagner pour les assureurs. Résultat: l’augmentation réelle des primes a été moins forte qu’annoncée pour cette année (5,4% au lieu de 6,6%), mais la différence se reporte sur les primes de l’an prochain, selon la logique des vases communicants, qui dépasse celle du pauvre assuré.

Mauvaise nouvelle aussi du côté des réserves des caisses-maladie, qui ont fondu comme neige au soleil, passant de 12 à 8,5 milliards de francs, en lien avec les pertes sur les marchés financiers mais aussi sur les activités d’assurance.

Un bilan «mitigé»

Pour Alain Berset, cette annonce était aussi l’occasion de dresser le bilan de ces douze années à lutter pour enrayer la hausse des coûts de la santé. «Un bilan en partie mitigé», a dû reconnaître le Fribourgeois. La référence à Sisyphe est incontournable, mais elle dérangeait son entourage qui lui disait: «Elle donne l’impression que tu pousses un caillou et qu’il te roule dessus après», a-t-il confessé dans une image saisissante.

Parmi les succès enregistrés en matière de maîtrise des coûts, il a cité notamment la révision des tarifs médicaux (Tarmed) en 2017, qui a permis près d’un demi-milliard d’économies, ou encore le nouveau modèle de fixation des prix pour les génériques, présenté vendredi dernier, qui devrait réduire l’addition de 250 millions de francs. Mais ses projets les plus ambitieux ont été laminés. «Durant ces douze années, il y a eu des échecs patents», a reconnu Alain Berset, «comme tous ces paquets de mesures de frein aux dépenses qui ont connu des parcours très difficiles devant le parlement».

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