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Suisse

Pelleteuses sur le glacier. à Zermatt, le choc du ski et de l’environnement

Les avocats représentant les milieux écologistes soupçonnent que les organisateurs de la course de ski prévue le 12 novembre aient violé le droit de l’environnement en connaissance de cause, ce qui pourrait constituer une infraction pénale. Mais pour les organisateurs, the show must go on.

La présence de pelles mécaniques qui creusent le glacier du Théodule pour préparer deux pistes de descente ne passe pas auprès des organisations écologistes. © Keystone

30 octobre 2023 à 19:10

Temps de lecture : 1 min

Zermatt » Sur les images des webcams de Zermatt, une dameuse circule en dehors des zones homologuées pour le ski. La veille, les autorités avaient pourtant interdit tous travaux en dehors du domaine skiable. Survenu en fin de semaine dernière, ce nouveau rebondissement dans ce qui est devenu un feuilleton fâche les Avocats pour le climat, mandatés par plusieurs organisations écologistes.

Leur président Arnaud Nussbaumer-Laghzaoui prévient: «Nos mandantes soupçonnent que les organisateurs aient violé le droit de l’environnement en connaissance de cause, ce qui pourrait constituer une infraction pénale.» Après de multiples requêtes, le juriste devrait accéder au dossier pour la première fois ce mardi. Pour lui, «l’attitude des autorités est un peu légère. Elles devraient se montrer plus fermes avec les organisateurs. Leurs décisions ne semblent pas être entièrement respectées et il n’y a pas de sanction pour l’heure.»

Le choc des images

Comment en est-on arrivé là? La polémique a débuté il y a deux semaines, quand les journalistes du Matin Dimanche et de 20 minutes diffusaient les images de pelles mécaniques qui creusaient le glacier du Théodule, pour préparer deux pistes de descente. Leurs relevés GPS indiquaient qu’une partie de ces travaux étaient effectués en dehors des espaces dédiés au ski. Au choc des images s’ajoutaient des irrégularités manifestes.

Directeur du Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne, Emmanuel Reynard soupire: «Au moment où nous pleurons la disparition des glaciers, les organisateurs les attaquent à la pelle mécanique. Ils saccagent la haute montagne pour des raisons commerciales». Selon ce professeur de géographie à l’Université de Lausanne, «si l’impact glaciologique reste limité, la charge symbolique n’est pas anodine.»

Du rêve au cauchemar

A partir du 11 novembre prochain, les meilleurs descendeurs du monde devraient se lancer sur le premier parcours binational de l’histoire, qui relie Zermatt et la Suisse à Cervinia et l’Italie. Dessiné par le champion olympique Didier Défago, il offre aux caméras une vue imprenable sur la silhouette mythique du Cervin. Jamais la saison des courses de vitesse n’aura débuté aussi tôt. Tout a été calculé pour que la station valaisanne et ses luxueux hôtels bénéficient d’une belle publicité à l’approche de l’hiver.

Il y a deux ans, les organisateurs annonçaient un événement «durable». Ils écrivaient fièrement: «Ces courses reflètent parfaitement les idées nouvelles et innovantes qui contribueront à modeler la Coupe du monde de ski alpin à l’avenir.» En imaginant ce projet, ils avaient choisi d’ignorer les changements climatiques et le réveil des consciences écologiques. L’an dernier, la première édition de cette compétition a été annulée, faute de neige.

Pas d’autorisation

Face aux réactions indignées suscitées par les pelles mécaniques du Théodule, le conseiller d’Etat Frédéric Favre a d’abord déploré un dégât d’image et déclaré que «ce qu’il se passe là est monnaie courante depuis vingt ans en Suisse et à l’étranger». L’organisateur Franz Julen, lui, assurait disposer de toutes les autorisations nécessaires et justifiait les travaux par la nécessité de combler les crevasses: «Nous ne détruisons pas le glacier, nous assurons la sécurité.»

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