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Sports de combat

Quatre frères pour un même but

Lario et Dorian Kramer, Johann et Clovis Borcard luttent ce week-end à la fête fédérale de Zoug

Dorian (à gauche) et Lario Kramer, deux frères sur les ronds de sciure fédéraux.

23 août 2019 à 19:27

Lutte suisse » Tous les yeux des Fribourgeois présents dès ce samedi matin parmi les 56’500 spectateurs de l’arène de Zoug sont focalisés sur lui. Depuis sa victoire surprise à la prestigieuse fête alpestre du Stoos le 10 juin 2018, Lario Kramer en a conscience: son statut a changé. En 3 minutes et 58 secondes, soit le temps exact qu’il lui a fallu pour mettre à dos son adversaire zougois Marcel Bieri en passe finale, le lutteur de Galmiz est passé de l’ombre à la lumière. Alors, du haut de son mètre huitante-six, le colosse de 103 kilos le sait: les attentes sont fortes autour de lui. «Lario s’entraîne beaucoup. Il a une volonté énorme et mentalement, il est très fort. La saison passée, il a surpris tout le monde avec sa victoire au Stoos. Mais pas moi. Depuis le temps, je connais ses qualités…»

Le portrait est dressé par un autre Kramer, Dorian de son prénom. Dorian, le frère de Lario. «Nous avons une année et demie de différence. Lui est né le 9 juillet 1998 et moi, le 2 décembre 1999, explique le cadet dans un français parfait. Nos parents sont paysans et, plus jeune, je suis parti travailler dans une ferme en Suisse romande. C’est pour ça que je me débrouille», dit-il avec modestie.

 

Lutteur lui aussi, Dorian dispute à Zoug sa première fête fédérale. Plus petit de cinq centimètres (1m81), plus léger (88 kg) et doté d’un palmarès moins étoffé (4 couronnes contre 25 pour Lario), vit-il dans l’ombre de son aîné? «Il y a une grande rivalité entre nous, mais une rivalité saine, une rivalité qui nous fait avancer, répond-il. Il est meilleur que moi, mais on se tire vers le haut.»

Hasard d’une rencontre

La lutte? Lario et Dorian Kramer l’ont découverte au hasard d’une rencontre. «C’était en 2006, nous sommes allés voir une fête à Ried, se remémore Dorian. Une fois sur place, nous nous sommes dit avec Lario: «On va essayer». Le hasard a voulu que ce soit devant la femme de l’entraîneur du club de Chiètres, précise-t-il en riant. Elle nous a tout de suite donné l’adresse de son mari et nous avons commencé à nous entraîner deux fois par semaine.»

Première couronne en 2015 lors de la fête cantonale à Matran pour Lario, première couronne en 2018 lors de la «Neuchâteloise» pour Dorian: l’aîné a toujours eu une longueur d’avance sur le cadet. «A l’entraînement, chacun veut battre l’autre. Des fois, c’est lui qui est le meilleur, des fois c’est moi. C’est du sérieux», glisse Dorian. Arrivé en cours de discussion, Lario acquiesce: «Dario est très motivé. Il est fort techniquement et nous nous complétons bien. A travers la lutte, nous avons développé une belle complicité.»

Si rivalité il y a sur le rond de sciure, elle disparaît aussitôt la passe terminée. «On se donne des conseils, on discute pour trouver les meilleures solutions. Si je fais quelque chose de faux et qu’il me le dit, je ne me fâche pas, assure Lario Kramer. Entre frères, on se connaît par cœur, poursuit-il. Si Dorian n’a pas eu une bonne journée, je le vois tout de suite.»

«La lutte est un grand thème de discussion, mais nous avons aussi d’autres intérêts à la maison, complète le plus jeune frère. Nous sommes sérieux à l’entraînement, mais en dehors, nous parlons d’autres choses.»

«La chair de poule»

Ce week-end, Lario et Dorian Kramer ne parleront toutefois que le langage «lutte». Aussi pour bien l’aîné qui vise la prestigieuse couronne que pour le cadet qui, lui, lorgne la qualification pour la journée de dimanche, cette fête fédérale de Zoug est un aboutissement. «A Estavayer en 2016, je travaillais comme contrôleur, se souvient Dorian Kramer. Entendre 56’000 personnes chanter l’hymne national, ça donne la chair de poule. A cette époque-là, j’avais 16 ans et je me disais: dans trois ans, je veux y être.»

« Ça ne sert à rien de se mettre la pression »

Musa Araz

A Estavayer, Lario Kramer était déjà dans l’arène. S’il n’avait pas pu s’agenouiller pour récolter une couronne, il était malgré tout allé au terme des huit passes. «Lutter devant 56’000 spectateurs est impressionnant, décrit-il. C’est un événement très spécial qui se passe tous les trois ans. Ceci dit, cela reste une fête comme les autres. Ça ne sert à rien de se mettre la pression.»


Quand Clovis prend modèle sur Johann

A l’image de Lario et Dorian Kramer, les Gruériens Johann et Clovis Borcard sont deux frangins lutteurs sélectionnés à Zoug.

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