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La neige de PyeongChang. une incitation à la douceur


Jérémy Rico

Jérémy Rico

19 février 2018 à 16:15

Aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014, les températures au-dessus du zéro degré avaient contraint les organisateurs russes à user - et même abuser - de sel afin de durcir la neige pour proposer un terrain de jeu adéquat aux spécialistes de la glisse. En Corée du Sud, le décor a changé. Au froid glacial de la première semaine a succédé un climat plus agréable, certes. Mais la qualité des revêtements, sous les lattes des skieurs alpins ou des autres, propose des caractéristiques similaires. Qu’a-t-elle de spéciale, cette neige? «Elle est blanche», rigole Michelle Gisin. Plus sérieusement: «Elle est agressive. Mais elle n’est pas spéciale.»
Une neige est qualifiée d’agressive, car elle agresse les skis. Très froide et abrasive, elle brûle les semelles sous les pieds de l’athlète qui prend de la vitesse. On le constate à la surface blanchie le long de la carre. «Cette neige accroche beaucoup. Le ski ne prend pas de vitesse. Il n’y a aucune fluidité», a constaté le Français Adrien Théaux la semaine dernière.

Comme en Amérique

Cette qualité de neige est dite légère. En Europe, un flocon se compose de 90% d’air et de 10% d’eau en règle générale. En Asie, il est beaucoup plus sec avec 7% d’eau. Comme c’est le cas en Amérique du Nord, où le Cirque blanc a l’habitude de se retrouver.

Les filles ont remplacé les garçons à Jeongseon pour les disciplines de vitesse. «Ici, c’est génial. C’est un rêve de skier dans des conditions pareilles, très proches de ce que nous avons connu l’année dernière», observe Michelle Gisin. Au début du mois de mars 2017, une descente et un super-G de Coupe du monde avaient été organisés sur la piste de Jeongseon en guise de répétition générale.
«Sur une neige agressive, il faut faire preuve de finesse», explique la vice-championne du monde de combiné. «La neige tient très bien. Avec des carres aussi aiguisées que les nôtres - on pourrait s’en servir pour couper de la viande! - c’est important de ne pas trop appuyer. Pour aller vite, il faut skier de façon très propre.»

«On n’avancerait pas»

Lara Gut découvre les pistes de Corée du Sud. Contrairement à la majorité de ses concurrentes, la Tessinoise n’avait jamais posé ses spatules au pays du Matin calme avant ces Jeux olympiques. «La neige permet de tout faire», assure-t-elle. «Je dois juste éviter d’être agressive. Cela ne signifie pas ne pas travailler», précise-t-elle. «Il y a des pistes où l’inaction est efficace, où il faut seulement laisser aller le ski. Ici, ce n’est pas la solution, car on n’avancerait pas.»

«Le secret, c’est de travailler chaque petite bosse en douceur», poursuit la médaillée de bronze de la descente de Sotchi. «Il ne faut surtout pas mettre trop d’intensité, au risque de perdre de la vitesse. L’idée, c’est de ne pas mettre de carres dans les courbes, de resserrer la ligne au maximum sans appuyer.»

Après deux entraînements de descente, Lara Gut souligne: «C’est un peu trop lent, mais ça va. Le tracé est particulier. Cela secoue un peu sur les quatre premières portes et, soudain, on ne peut plus accélérer. Le plus grand souci, c’est de maintenir la vitesse et de profiter de chaque mètre en pente pour tenter de l’augmenter. Mais... impossible de sentir si on réussit à prendre de la vitesse ou pas», regrette-t-elle. «Il y a de longs virages. Il faut de la patience, ne rien précipiter. Après cent secondes, on est en bas. Si je le fais en 97 secondes, j’ai relevé le défi», s’amuse-t-elle.


La nouvelle page blanche de Lara Gut

Eliminée sur glissade en géant, Lara Gut a terminé quatrième du super-G, soit à même rang qu’à Sotchi. Seule différence: la Tessinoise a échoué à un centième du podium en Corée du Sud, alors qu’elle avait concédé un retard de treize centièmes sur la médaillée de bronze autrichienne Nicole Hosp quatre ans plus tôt. Cruel. «Avanti! Ce n’est plus samedi. C’est du passé. J’ai la chance que les Jeux olympiques ne soient pas terminés pour moi. Après le super-G, il y a de nouvelles pages blanches à remplir.» La skieuse de Comano a essuyé ses larmes. «Après sa course manquée (le biathlon individuel sur 20km, ndlr), Martin Fourcade a tweeté «Un sport de merde... C’est pour ça qu’on t’aime.» Il a raison. Je dis la même chose. J’ai la chance d’être en santé, de pouvoir skier, ce que j’aime, voilà. Quand tu gagnes, c’est parfait. Cela te comble. Quand cela ne va pas, tu te détruis. Et tu continues, car il n’y a rien d’autre susceptible de te procurer autant d’émotion.» Avec ses coéquipières Michelle Gisin, ainsi que Corinne Suter et Jasmine Flury, gagnantes des sélections internes lundi face à Joana Haehlen, Lara Gut tentera de décrocher la médaille attendue mercredi dans la descente de Jeongseon (3h en Suisse).

 


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