Le long chemin de Noémie Kolly

Ski alpin » «C’est facile à trouver», avait-elle écrit la veille par messagerie. Noémie Kolly n’avait pas menti: la voiture aux couleurs de Swiss-Ski parquée devant l’entrée était bel et bien la confirmation que la maison familiale était aisée à trouver. Malgré le Covid, la Rochoise a accepté de nous accueillir chez elle. Avec le respect des distanciations bien sûr. «La situation est compliquée avec ce virus», soupire-t-elle après avoir proposé une tasse de café.

Skieuse du cadre B, mais aussi jeune fille de 22 ans pleine de vie, Noémie Kolly a dû changer ses habitudes avec la pandémie: «Je ne vais plus beaucoup voir mes copines, car j’ai peur d’infecter le groupe (de vitesse de Coupe d’Europe dans lequel elle figure cette saison, ndlr)», souffle-t-elle. Ses sentiments face à cette situation hors de l’ordinaire? «D’un côté, j’ai de la chance que la pratique de mon sport soit encore possible, répond-elle. Mais de l’autre, nous sommes dans l’ignorance, nous ne savons rien de ce virus et je n’aime pas trop ça. Voir tous ces hôpitaux surchargés, cela fait un peu peur.»

Bons et mauvais moments

Noémie Kolly est le genre de sportive avec laquelle les discussions ne sont jamais vides de sens. Intéressée, intéressante, respectueuse aussi, elle ne refuse jamais d’ouvrir une fenêtre «presse» sur son agenda surchargé de skieuse en éternel déplacement. Dans les bons moments, comme celui du 27 janvier 2019 où son 29e rang dans la descente de Garmisch lui a permis de marquer ses premiers points en Coupe du monde… Dans cet autre bon moment du 27 février de la même année lorsqu’elle est devenue vice-championne du monde junior de descente à Val di Fassa en Italie, Noémie Kolly prend le temps de répondre aux sollicitations.

Vice-championne du monde junior!

Pareil dans l’adversité, où le mardi 13 août 2019, la jeune femme ne s’était pas défilée après s’être déchiré les ligaments du genou droit durant un entraînement de slalom géant à Saas-Fee. Accident qui l’avait contrainte à une opération dans un premier temps. A un hiver 2019-2020 sans compétition dans un second temps.

Cette blessure, la première de sa carrière, Noémie Kolly a dû apprendre à la surmonter. «Comme c’était la première fois, je me suis beaucoup écoutée et j’ai pris le temps, dit-elle. Après mon opération, j’ai fait trois mois de physiothérapie à Villars-sur-Glâne chez Georges Kapsopoulos (ancien physio de Fribourg Olympic, ndlr). C’était proche de la maison et l’idéal pour commencer.»

Noémie Kolly: «Je vais devoir me faire opérer»

La suite de sa rééducation, la Gruérienne l’a effectuée à Macolin: «Là, c’était tout de suite plus poussé. J’avais la physio une heure par jour. Le reste du temps, je m’entraînais. Je faisais de la musculation, de la force, du gainage… Je travaillais le bas du corps, le haut du corps», énumère-t-elle. Une réadaptation où elle ne s’est pas économisée: «Je n’ai jamais eu de douleurs, de moments de galère comme beaucoup de filles blessées avant moi en avaient connu. C’était une rééducation parfaite», s’exclame-t-elle.

«Un blocage mental»

Si le genou de Noémie Kolly se porte bien désormais, son dos ne peut pas en dire autant. «J’ai eu des soucis cet été, annonce-t-elle. Je me suis fait mal durant les entraînements de slalom et j’ai dû effectuer un mois de pause en septembre. Peut-être mon corps a-t-il voulu compenser par rapport à mon genou?, s’interroge-t-elle. Je n’avais jamais connu ce genre de problème avant et je me suis posé beaucoup de questions. Beaucoup plus que durant ma rééducation.»

Si elle a décidé de tirer un trait sur le slalom pour épargner son dos, la Rochoise avoue que le retour sur les lattes s’est avéré plus difficile que prévu: «Ma rééducation s’est tellement bien déroulée, répète-t-elle. J’ai eu zéro douleur, zéro problème. Par contre, les choses se sont compliquées quand j’ai remis les skis.»