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«Le coquin savait quand s’arrêter»

L’ascension de Marco Odermatt ne doit rien au hasard. La parole à ceux qui ont côtoyé le Nidwaldien


17 mars 2021 à 20:56

Ski alpin » L’annulation des descentes de Lenzerheide ne fait pas le jeu de Marco Odermatt. Auteur d’une remontée fantastique au classement général de la Coupe du monde ces dernières semaines, le Nidwaldien a perdu un atout dans son match avec Alexis Pinturault, actuel leader de la Coupe du monde. Il en a encore deux dans sa manche, pour le super-G de jeudi et le géant de samedi, mais se retrouvera dépourvu lors du slalom dominical. Soulèvera-t-il le grand globe? Quoi qu’il advienne dans les Grisons, le skieur de 23 ans a réussi une saison 2020-2021 digne des plus grands. Le gamin de Buochs a fait du chemin depuis son premier jour de ski, à deux ans, le 8 décembre 1999 à Klewenalp. L’itinéraire d’un enfant doué, peut-être, mais surtout bien encadré et conscient des efforts à consentir pour arriver au sommet.

Champion du monde de slopestyle en 2015, Fabian Bösch (23 ans) a commencé le ski avec Marco Odermatt. «Je viens d’Engelberg et lui de Buochs, à vingt minutes», explique le freestyleur. «Nous n’avons pas été sur les mêmes bancs d’école, mais nous avons grandi ensemble et nos familles étaient assez liées. Pendant les vacances, nous nous réunissions pour des balades.»

Concurrence avec Bösch

Marco Odermatt et Fabian Bösch ont été concurrents sur les épreuves du GP Migros (8-16 ans). Ils s’entraînaient dans le même groupe de la relève de Suisse centrale. «J’étais meilleur que lui dans les courses Combi. J’avais gagné six années de suite», se souvient Bösch. «En géant, il était le plus fort. Nous n’en avions jamais assez. Après les courses, on se régalait dans la poudreuse et on construisait des sauts. On tentait des back-flips. Cela m’avait emballé. Marco trouvait aussi ça cool, mais pas autant que moi.» Les chemins de deux copains se sont séparés à l’adolescence.

«Il a toujours été un bon athlète, motivé et précis dans sa planification»
Olivier Koch

Un troisième larron a tenu tête au duo d’ados alémaniques: Loïc Meillard. «Loïc était le plus rapide. Marco et moi arrivions juste derrière. Cette concurrence nous a tous poussés. Marco sait doser sa force sur les skis mieux que personne», avance Bösch.

Accent sur la compétition

Marco Odermatt a franchi un palier durant la saison 2015-2016 sous la houlette d’Osi Inglin, alors entraîneur du cadre C. «Marco avait plus de 20 points FIS (28,48) en arrivant; au printemps suivant, il était sous les 10 (8,63) et avait participé aux mondiaux juniors à Sotchi (or en géant, ndlr). Il s’était beaucoup développé cette année-là», rappelle le technicien de 52 ans, aujourd’hui au chevet des espoirs finlandais. «Nous avions tout axé sur la compétition et nous avions même effectué un déplacement outre-Atlantique pour qu’il puisse améliorer ses points.»

Le 19 mars 2016, Marco Odermatt donnait ses premiers coups de carres en Coupe du monde, dans la finale du géant à Saint-Moritz, en sa qualité de champion du monde juniors de la spécialité. Il terminait avant-dernier, 22e sur 23, à trois secondes du vainqueur. «Il était déjà bien développé en géant et en super-G», précise Osi Inglin. «S’il gommait quelques petites erreurs, il pouvait être encore plus rapide. Il était capable d’un maximum d’efficacité sans effectuer trop de mouvements. Il a conservé cette particularité. Il produit le maximum en bougeant un minimum.»

«Il a ce truc en plus»

Marco Odermatt a été sélectionné par Swiss ski pour ses vrais débuts en Coupe du monde en octobre 2016, en même temps que Pierre Bugnard. «Nous nous sommes retrouvés ensemble à Sölden, comme nous l’avions aussi été à Macolin en tant que militaires sportifs d’élite ou dans certains groupes d’entraînement», souligne le Charmeysan de 28 ans, retiré du ski depuis quelques mois. «Marco, il a ce truc en plus: le talent. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour expliquer sa réussite. C’est ça, avec le mental en prime.»

Le Nidwaldien a passé par la filière sport-études, à Engelberg, presque à domicile, comme Corinne Suter, Michelle Gisin ou Wendy Holdener. Il a obtenu sa maturité en 2017. «Il a toujours été un bon athlète, motivé et précis dans sa planification», raconte Oliver Koch, directeur sportif de l’institut et également entraîneur alpin. «Il était très organisé et savait ce qu’il lui fallait pour passer les examens ou pour le ski. Il avait un côté coquin. Polisson, il lui arrivait de faire des bêtises avec un camarade, mais il savait toujours quand s’arrêter. Invité à s’exprimer devant les élèves de la nouvelle génération, Marco Odermatt a insisté sur le fait qu’il avait vite déterminé ce dont il avait besoin pour poursuivre ses objectifs.»

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