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«L’ambiance, mais quelle ambiance?»

Beat Feuz jette un regard lucide sur ses troisièmes Jeux olympiques et la descente de demain à Yanqing


François Tardin

François Tardin

4 février 2022 à 13:09

Ski alpin » Pour les spécialistes de la vitesse, les Jeux de Pékin commencent dimanche. Et de quelle manière: avec la descente messieurs programmée le matin (à 4 heures en Suisse). L’épreuve reine dans son excellence où un Suisse pourrait être roi. Peut-être bien Beat Feuz. Engagé aux côtés de Marco Odermatt (parmi les grands favoris lui aussi), Niels Hintermann et Stefan Rogentin, «Kubelblitz» n’a, crime de lèse-majesté, jamais été couronné aux JO. A 34 ans, l’Emmentalois le sait, il s’agira certainement là de sa dernière chance. Pas de quoi perturber la placidité d’un champion toujours disponible et qui a accepté de nous consacrer un peu de son temps à l’issue de l’entraînement de jeudi. 

Cet hiver, vous nous avez constamment répété que les Jeux de Pékin n’étaient pas votre priorité. Avez-vous revu votre opinion depuis que vous êtes là?

Beat Feuz: Les Jeux sont un événement majeur qui n’a lieu qu’une fois tous les quatre ans. Ce n’est pas rien. Mais comme je l’ai toujours dit: Wengen et Kitzbühel étaient ma priorité absolue cet hiver. Maintenant que c’est derrière moi et que je suis là, je me réjouis. Je vais voir comment ça se passe au jour le jour.

Vos premières impressions du site de Yanqing?

C’est intéressant de découvrir la station et ce qu’ils ont construit ici. Les installations sont vraiment gigantesques. Maintenant, la question est de savoir s’il fallait vraiment faire tout ça. Dans le monde, il y a de beaux domaines skiables que l’on n’a pas bâti exprès pour un seul et unique événement. Cela dit, il faut aussi regarder le côté positif des choses. Ici, le temps est toujours beau, la neige est dure et bien compacte et la piste en elle-même est très bien. Il y a de belles courbes, de beaux sauts. C’est joli à skier, mais ce n’est pas une descente réellement difficile. Sincèrement, je pensais que la vitesse serait plus élevée.

«La question est de savoir s’il fallait vraiment faire tout ça»

Beat Feuz

En tant que «vieux briscard» de 34 ans, est-ce une corvée de découvrir une nouvelle piste, de l’apprendre et de l’assimiler de A à Z?

Je vous l’avoue volontiers, il est plus facile pour un routinier comme moi de me retrouver sur une piste que je connais déjà. Cela m’évite de perdre du temps et de l’énergie sur des questions de trajectoires et de réglages de matériel. Reste qu’il est toujours intéressant de découvrir une nouvelle descente. Il faut utiliser chaque manche d’entraînement pour apprendre, réfléchir et mettre en place les éléments qui te permettront d’être prêt le jour de la course.

Un mot sur la neige. Le fait qu’elle soit totalement artificielle pourrait-il redistribuer les cartes?

La neige est agressive et ça me plaît. Avec les basses températures qui sont constantes ici, elle ne risque pas d’évoluer. Pour comparer, je dirais qu’elle ressemble un peu à la neige de Beaver Creek ou à celle de PyeongChang il y a quatre ans. Il faut un peu de temps pour s’y adapter, mais ma confiance grandit lors de chaque descente. Maintenant, pour répondre à votre question, je ne pense pas que la neige va brouiller les cartes dimanche. Moins que le vent en tout cas…

Le vent, justement, c’est le grand thème ici à Yanqing…

C’est très venteux et on voit parfois les portes se pencher d’un côté et de l’autre. C’est le problème ici, mais on ne peut rien y changer. On peut uniquement travailler sur le fait de skier le plus rapidement possible. De là à dire que c’est une loterie, je ne sais pas… Mais c’est sûr que ça peut l’être selon le vent.

Parlez-nous un peu de l’ambiance de Yanqing où, à part les coureurs, l’encadrement, les bénévoles et les journalistes qui se déplaceront les jours de courses, il n’y a pas âme qui vive. 

L’ambiance, mais quelle ambiance? (rires). Plus sérieusement, c’est une question compliquée avec cette bulle sanitaire qui est totalement fermée. Malheureusement, ce n’est pas nouveau, cela fait deux ans que la majorité des courses de Coupe du monde se déroulent ainsi. Les JO de Pékin, c’est pareil. Tu es souvent isolé, tu restes dans ta chambre et tu retrouves les autres uniquement pour les courses, les entraînements et les moments essentiels de la journée. Le soir, par exemple, on s’assoit seul pour le souper et quand quelqu’un que l’on ne connaît pas vient vers nous, c’est toujours un sentiment étrange… 

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