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Hockey sur glace

Se passer le puck et le virus

Gottéron ne se rendra pas à Genève ce mardi soir, mais à Berne jeudi. A condition de passer entre les goutte(lette)s


26 janvier 2021 à 02:01

National League » La décision n’est tombée que lundi vers 17 h. En quarantaine préventive depuis dimanche à la suite de la découverte d’un cas positif au coronavirus, Genève-Servette le restera jusqu’à mercredi, au moins, le temps nécessaire pour tester tous les membres de sa première équipe. Victime collatérale qui aurait dû se rendre aux Vernets ce mardi soir, Fribourg-Gottéron se retrouve au chômage technique. Mais comme souvent dans ces cas-là, une autre rencontre a été ajoutée au calendrier des Dragons, qui iront défier Berne jeudi soir dans la capitale (rencontre du 18 décembre reprogrammée) avant d’accueillir Davos trois jours plus tard. Si tout se passe comme prévu.

Le risque zéro existe d’autant moins que Gottéron a affronté la formation de Pat Emond vendredi dernier. Une victoire 3-2 arrachée deux jours seulement avant que le club genevois renoue pour la troisième fois de la saison avec le virus. La personne infectée a-t-elle seulement griffé la glace face aux Dragons? Une probabilité qui laisse l’entraîneur fribourgeois Christian Dubé de marbre. «Je ne suis pas inquiet. Tant que des joueurs n’ont pas de symptômes…» Contacté, Christian Chuard, médecin-chef de l’unité d’infectiologie de l’Hôpital fribourgeois (HFR), appelle, lui, à une prudence de circonstance: «S’il s’agit du variant britannique, brésilien ou sud-africain, tous beaucoup plus facilement transmissibles, alors Gottéron aura du souci à se faire». Et d’ajouter droit derrière: «Même s’il s’agit du virus «traditionnel», d’ailleurs.»

Plus de quarantaines

Si aucun lien de propagation entre deux équipes n’a pu être formellement établi, certains enchaînements de cas positifs, à droite à gauche, laissent penser que la pratique du hockey sur glace est un vecteur de transmission plus ou moins important. Berne et Ajoie, pour ne citer qu’eux, ont été lourdement frappés par la pandémie dans les jours qui ont suivi leur affrontement en Coupe de Suisse, le 14 décembre dernier. L’exemple n’est pas isolé et découle d’une certaine logique. «Dans des espaces clos, avec moins de mètres carrés à disposition qu’à l’extérieur, la pratique de sports de contact offre plus de possibilités au virus de se propager», rappelle Christian Chuard. Partant de cette réalité scientifique, il n’est pas vraiment surprenant que le hockey sur glace morfle davantage que le football. En apparence, du moins. Depuis le début de la saison, 21 mises en quarantaine ont été ordonnées en National League. Vingt-deux si celle de Genève venait à être confirmée mercredi. On en dénombre la moitié moins en Super League, un championnat qui a l’avantage, sinon de se dérouler à l’air libre, du moins de proposer un calendrier nettement moins dense.

«Tous les ingrédients sont réunis pour qu’une transmission par gouttelettes s’effectue»

Christian Chuard

Aussi, footballeurs et hockeyeurs ne fournissent pas un type d’effort totalement similaire. Passages très courts et intenses sur la glace, respiration rapide et intense, promiscuité dans les bandes et devant le but: «Tous les ingrédients sont en effet réunis au hockey sur glace pour qu’une transmission par gouttelettes, plutôt que par aérosols, s’effectue», acquiesce Christian Chuard. Le basketball, très physique lui aussi, n’échappe pas à cette dure réalité des sports de (fort) contact indoor. Huit des neuf clubs de SB League masculine sont passés par la case quarantaine au moins une fois.

Plus de tests suggérées

Pour limiter la casse tout en continuant à jouer, pas de recette miracle, mais deux pistes avancées par l’infectiologue fribourgeois. «Sans surprise, la première consisterait à jouer avec un masque. Je conçois que, pour les acteurs du milieu, c’est quelque chose de compliqué à imaginer.» L’autre stratégie ne serait pas beaucoup moins contraignante. «Il faudrait tester les joueurs tous les jours, ou tous les deux jours, poursuit le médecin-chef de l’unité d’infectiologie de l’HFR. Sauf que les tests rapides par frottis nasopharyngé sont difficiles à mettre en place d’un point de vue organisationnel, sans parler de l’aspect financier. L’arrivée des tests salivaires, que je prédis pour dans quelques mois, pourrait changer la donne. Leur prix va baisser avec le temps. Tout compte fait, leur coût sera dérisoire par rapport à ce qui a été dépensé pour les différents plans de protection.»

Depuis le début de saison et un test généralisé à toute la ligue, rien ni personne n’oblige les clubs de National League à s’assurer de la «négativité» de leurs joueurs. Fribourg-Gottéron pourra toujours rétorquer qu’il ne s’en porte pas plus mal, lui qui, après avoir ouvert les feux à la mi-octobre, n’a plus été mis en quarantaine. Souhaitons aux Dragons de continuer à passer entre les goutte(lette)s.

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