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Hockey sur glace

Sans sa Spengler, Davos fait la moue

L’annulation du tournoi de fin d’année a un fort impact sur son propriétaire, comme sur le tourisme local


Maxime Meyer

Maxime Meyer

26 décembre 2020 à 13:35

Hockey sur glace » Samedi, sur le coup de 15 h 15, le cœur de nombreux Davosiens s’est serré. Appétissante coupe glacée servie à l’entre-deux fêtes et dégustée bien au-delà des montagnes grisonnes, la Spengler n’a pas pu prendre ses quartiers habituels le 26 décembre. Pas d’improbable duel germano-finlandais, pas de classique Davos-Team Canada, pas de star de KHL, pas de Hitsch (la mascotte déjantée), pas de cohue dans l’énorme tente de supporters, pas non plus de schlagermusik pour vous anesthésier les tympans. Autant de paramètres qui auraient fait le jeu d’un coronavirus volatil; d’où l’annulation logique de la 94e édition, prononcée à la fin septembre, déjà.

«Nous avons eu le temps de nous y préparer. A force, on s’est fait à l’idée des matches sans spectateur. Elle paraît bien lointaine, l’époque des émotions. Je n’arrive même pas à imaginer un tournoi comme la Coupe Spengler. J’espère qu’on se réhabituera vite», souffle Félicien Du Bois, huit participations à son actif, dont six sous la bannière du HCD. La première remonte à 2010. «C’était avec le Sparta Prague. Ils cherchaient des renforts. Ou plutôt des compléments, pour rester modeste… Je n’en garde que des bons souvenirs. Mon seul regret: de ne jamais l’avoir gagnée. Le 31, j’ai toujours regardé la finale à la télé. Il y a au moins quelque chose qui ne changera pas», se marre le défenseur de 37 ans. 

Un trou de 2,5 millions

En train de soigner une blessure au tendon d’Achille, le Neuchâtelois raccrochera ses patins au terme de la saison. Après quoi il commencera à travailler à mi-temps pour le club qu’il a rejoint en 2014 (lire ci-dessous).

« Une bonne édition de la Coupe Spengler nous rapporte 2,5 millions de francs »

Marc Gianola, directeur général du HC Davos

Dans les futurs bureaux de Félicien Du Bois, les temps sont durs. Davos crie famine, sans être plus à plaindre que les autres. Reste que le club le plus titré de Suisse dépend des recettes - qu’il partage en petite partie avec ses concurrents de National League en raison de l’arrêt du championnat en fin d’année - de son «bébé». «Toutes incidences du Covid-19 comprises, notre chiffre d’affaires pour la saison 2020-2021 devrait être divisé par deux, passant de 29 à 14 millions de francs. Pour ce qui est de la Spengler à proprement parler, une bonne édition nous rapporte 2,5 millions de francs», dévoile le directeur général Marc Gianola.

Pour éviter de se retrouver en manque de liquidités, le HC Davos s’est décidé pour un prêt remboursable sans intérêt plutôt que de se tourner vers les demandes d’aide à fonds perdu. «Les conditions accompagnantes ne sont pas encore assez claires», explique Marc Gianola, selon lequel une deuxième annulation de suite de la Coupe Spengler signifierait plus que la mort de son club. «Je pense en effet qu’il ne resterait plus beaucoup d’équipes professionnelles en Suisse si nous vivions une deuxième saison comme celle-ci.»

Les hôtels «optimistes»

Superproduction au budget imposant (10,5 millions de francs), la Spengler ne dort jamais. S’il a moins de travail à court terme étant donné que la manifestation est passée à la trappe pour la cinquième fois de son histoire, Fredi Pargaetzi, responsable de la partie sportive du tournoi davosien, n’a pas moins de soucis. «Beaucoup d’équipes font part de leur intérêt, mais nous devons attendre d’y voir plus clair pour prendre telle ou telle direction», soupire-t-il tout en rappelant la venue des Suédois de Frölunda en 2021. Celui qui fut directeur de la manifestation pendant près de 25 ans parle de «catastrophe économique pour le HC Davos». Mais pas uniquement: «Je pense également aux hôtels, restaurants et commerces, qui tournent à plein régime pendant la Coupe Spengler…»

L’impact sur l’écosystème touristique de la station grisonne, fragilisé de surcroît par le report du forum économique à l’été prochain, sera-t-il limité par la saison de ski? C’est ce qu’espère l’office du tourisme de Davos Klosters par la voix de son attaché de presse, Samuel Rosenast. «Selon notre perception, l’ambiance chez les hôteliers est modérément optimiste. Il n’est par contre pas possible de partir du principe que tout sera plein comme d’habitude, même si le maintien de l’ouverture des remontées mécaniques peut agir positivement sur le nombre de nuitées dans la station.»

S’aérer l’esprit

Plus tristounette qu’à l’accoutumée à pareille époque, la vie ne s’arrête pas pour autant à Davos. Ni pour son équipe phare d’ailleurs, qui jouera lundi soir et mercredi. Pas de Salavat Oufa ni de Team Canada au programme, juste Ambri et Zoug. L’occasion de se concentrer sur un championnat que le HCD a mal commencé. 

Un changement de décor aurait cependant fait du bien, estime Reto Raffainer, le directeur sportif des jaune et bleu. «Parfois, la Coupe Spengler te donne la possibilité de t’aérer la tête et de repartir du bon pied en janvier. Cela avait été le cas pour Genève il y a quelques années.» Davos devra faire sans.


«Je ne veux pas être un père inutilisable»

Félicien Du Bois fait son maximum pour se remettre au plus vite sur pied et finir sa carrière sur la glace.

«Je me dois d’être réaliste. Je ne rejouerai pas avant février ou mars.» Rencontré il y a deux semaines, Félicien Du Bois expliquait se battre «pour rester dans le circuit du sport professionnel» après une rupture du tendon d’Achille subie à la fin juillet. «Le chirurgien qui m’a opéré m’a dit que j’en aurai pour six à huit mois. La convalescence se passe bien, je peux faire des tours de patinoire depuis le début décembre. Mais pour être tout à fait honnête, je ne suis pas à 100% convaincu que j’arriverai à revenir à un niveau qui aiderait l’équipe.»

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