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Hockey sur glace

Pour Ajoie, le plus dur reste à faire

Le titre et la promotion à peine digérés, le club jurassien doit déjà préparer la suite. En National League


30 avril 2021 à 00:03

Temps de lecture : 1 min

Hockey sur glace » «Nous irons à Fribourg, Lugano, Lausanne… Soudain, les environnements changent et le hockey devient sexy. La classe!»

Pour Gary Sheehan, joint ce jeudi après-midi au téléphone, la nuit a été courte. A-t-il seulement dormi? Mercredi peu avant 23h, après un but de Mathias Joggi à la 72e minute de l’acte VI de la finale des play-off, l’entraîneur d’Ajoie et son équipe ont non seulement fêté leur deuxième titre de Swiss League après celui obtenu en 2016, ils ont aussi savouré une promotion que les dirigeants du club jurassien, le président Patrick Hauert en tête, n’auraient décemment pas pu refuser à leurs joueurs, ces compétiteurs-nés. De retour dans la plus haute catégorie du hockey suisse, Ajoie, qui avait déjà tâté de la ligue A entre 1988 et 1990 puis lors de la saison 1992-1993, ne boude pas son plaisir. Mais il sait que le plus dur reste à faire et à venir: renforcer un contingent avec des moyens limités et sans trahir l’orgueil d’un groupe dont les liens sont désormais indéfectibles.

 

Miser sur des hommes revanchards

 

Conquis de haute lutte, ce titre sonne comme une revanche pour beaucoup d’Ajoulots. Les attaquants canadiens Philip-Michaël Devos (31 ans) et Jonathan Hazen (30) en sont deux. A Porrentruy depuis 2015, les compères ont chacun inscrit entre 60 et 100 points par saison, play-off non compris, mais jamais le duo le plus prolifique de Swiss League n’a reçu sa chance au niveau supérieur. «Phil (Devos) a disputé deux matches avec Fribourg (en 2018, ndlr). Mais c’est un centre de métier et il avait été titularisé à l’aile gauche, où il n’avait plus évolué depuis l’âge de six ans», rappelle Gary Sheehan, heureux de voir ses compatriotes enfin toucher au Graal. Comment se comporteront-ils en National League? «Je ne me fais pas de souci pour leur rendement, rétorque le coach. Ils ne seront peut-être plus les deux meilleurs buteurs de la ligue, mais ils vont marquer, car ils seront mieux entourés aussi.»

«J’ai joué les pompiers de service à Lausanne entre 2003 et 2005, avant que le lockout ne change la donne. J’étais très près à Berne lors de l’exercice 2013-2014, mais j’ai dû me contenter du rôle d’assistant»
Gary Seehan

Pour Gary Seehan lui-même, cette promotion est un joli pied de nez à la vie. «Ce fut un travail de longue haleine. Mais sans ses joueurs, un entraîneur n’est rien», avertit le Québécois de 56 ans, qui entamera en septembre prochain sa 8e saison derrière le banc jurassien. «J’ai joué les pompiers de service à Lausanne entre 2003 et 2005, avant que le lockout ne change la donne. J’étais très près à Berne lors de l’exercice 2013-2014, mais j’ai dû me contenter du rôle d’assistant», se souvient-il avant d’ajouter, fataliste: «Il faut être à la bonne place au bon moment. Mais à chaque fois qu’un poste se libérait, j’étais déjà en fonction quelque part. D’un côté, c’est bon signe: cela veut dire que je n’ai jamais cessé de travailler.»

 

Chercher entre 5 et 7 nouveaux joueurs

 

7,1mio

Le nouveau budget d’Ajoie

Monsieur Tout-le-monde est devenu un entraîneur complet qui, aux côtés de Vincent Léchenne, se plaît à participer à la construction de l’effectif 2021-2022. «C’est une partie du métier que j’adore, mais à condition d’avoir du temps. Ce que nous n’avons pas», soupire Gary Sheehan, qui cherche «entre 5 et 7 nouveaux joueurs», dont 2 étrangers et un gardien pour seconder Tim Wolf. Déjà, quelques pistes ont été lancées, mais «aucun contrat n’a été signé en amont», précise-t-il. «Ce sont plutôt des joueurs qui nous ont appelés, en sachant qu’il y aurait peut-être une opportunité. Quelques clubs de ligue A nous ont aussi contactés pour des éléments dont ils ne veulent plus.»

Selon Gary Sheehan, le marché n’est pas sec et de belles opportunités sont encore possibles. Mais à quel prix? «Une chose est sûre: nous n’aurons pas un défenseur à 300’000 francs. Il va falloir nous reporter sur des joueurs désireux de se relancer et qui accepteraient une baisse de salaire.» L’argent: le nerf de la guerre. Grâce à la signature de nouveaux partenaires économiques, Ajoie a fait grimper son budget de 3,5 à 7,1 mio. Une somme rondelette mais qui tranche avec les enveloppes à 20 mio et plus dont disposent les plus grosses écuries. «Nous n’allons pas trop investir. Si nous engageons des gars qui gagnent le double de ceux qui sont déjà là, nous ne partirions de toute façon pas dans la bonne direction», prévient Gary Sheehan, pour qui David Aebischer, dont le départ de Gottéron est acquis, est une «option».

 

Viser entre 40 et 50 points

 

Si Ajoie a accepté la promotion, c’est aussi parce qu’il sait qu’il n’y aura pas de relégation à la fin de la saison prochaine. Objectif? «Nous espérons obtenir entre 40 et 50 points», a lancé le président Patrick Hauert au micro de MySports. Avec un tel total, Alain Birbaum (lire ci-après) et ses coéquipiers ne se seraient pas qualifiés pour les pré-play-off, ce printemps. «En Ajoie, on met rarement la charrue avant les bœufs, sourit Gary Sheehan. Mercredi par exemple, il n’y avait pas de champagne au frais. Par superstition peut-être. L’excitation est à son comble, mais ce n’est pas le moment de devenir arrogant.»

L’épouvantail bis de Swiss League (Kloten l’était aussi, sinon plus) sera le Petit Poucet de National League. «D’habitude, continue Gary Sheehan, le discours d’un néopromu est de jouer sur l’euphorie le plus longtemps possible en sachant que la fin sera difficile. C’est ce que nous comptons faire également, à cette différence près: pour nous, la fin ne sera pas compliquée, puisqu’il n’y aura pas de risque de tomber. Voilà qui nous laisse du temps.» Et le temps, ça n’a pas de prix.


Trois questions à Alain Birbaum

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