Le public, «notre septième joueur»

Hockey sur glace » Alignés devant le kop, un genou à terre, la canne sur la glace pour taper le rythme, les joueurs fribourgeois commencent gentiment à connaître la chanson. Pour la treizième fois d’affilée, Gottéron a été fêté par son public après l’avoir gâté. Invaincus depuis le 30 octobre et une défaite en prolongation contre Zoug, les Dragons ont profité de la visite du même adversaire pour faire tomber un record si ancien qu’il a fallu fouiller en profondeur dans les archives. Lors de la saison 1993-1994, à une époque où le championnat ne s’étendait pas sur 52 journées, Bykov, Khomutov et consorts avaient remporté 12 rencontres d’affilée à Saint-Léonard, avant de perdre le treizième en finale des play-off contre Kloten. La suite, vous la connaissez…

Le hockey a bien changé, la vie et la patinoire aussi, mais la magie opère toujours. Hier soir, c’est Zoug, ce géant redouté et redoutable, qui en a fait les frais. Battu 6-2 par un Fribourg impressionnant de sérénité et de maîtrise, le champion en titre a laissé passer la chance d’enfin récupérer le trône de National League. «C’était l’un de nos meilleurs matches de la saison, valide Christian Dubé. Je suis satisfait… à 98%.» Les deux pour cent manquants? «Notre troisième tiers», pointe l’entraîneur à succès des Dragons. «Nous étions dans le dur avant que je prenne un temps mort.»

Nathan Marchon intenable

Revenue à 4-2 en infériorité numérique un peu plus tôt (48e), la formation de Suisse centrale a pu y croire quatre minutes, le temps pour Julien Sprunger d’envoyer son second missile de la soirée – le premier fut encore plus délicieux – dans les filets de Leonardo Genoni. Classée, l’affaire l’a été dans le but vide par l’incroyable Nathan Marchon, auteur lui aussi d’un doublé. Porté depuis plusieurs mois par une efficacité exceptionnelle et une confiance aveugle, le N°97 n’est plus qu’à un tir victorieux d’atteindre le plateau des 20 buts cette saison! Même Christian Dubé peine à y croire. «Bien sûr que je m’y attendais, ironise-t-il. Plus sérieusement, si Nathan fait preuve d’un tel opportunisme, c’est aussi parce qu’il fait plein de petites choses justes.»

Mais de cette soirée sans fausse note, même de la part de la guggenmusik Les 3 Canards, venue animer les débats sur la glace en ce mardi gras, le coach québécois et son capitaine retiennent surtout la performance collective. Christian Dubé: «Jouer de cette manière contre le champion, c’est souvent bon signe.» Julien Sprunger: «Ce soir, nous avons montré que nous sommes capables de réagir au défi physique.»