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Hockey sur glace

«Le hockey suisse à l’âge de la pierre»

En novembre dernier, 83 personnes ont été interdites de stade. La défense passe à l’attaque et porte plainte

Les personnes interdites de stade en novembre dernier retrouveront-elles les gradins des patinoires afin de continuer à soutenir les Dragons?

15 avril 2020 à 22:52

Hockey sur glace » Une punition collective ne respecte pas la loi. En interdisant de stade, sans recours possible, 83 personnes en novembre dernier, la Ligue suisse de hockey sur glace (SIHF) s’est mise en infraction. C’est ce que veut démontrer une action en justice initiée par le président du groupe d’ultras Fribvrgensis de Gottéron touché par la sanction, dont a fait état le Beobachter. A terme, il est question d’uniformiser les pratiques en matière d’interdictions de stade à la suite de violences commises dans un cadre sportif, le hockey sur glace helvétique étant à la traîne dans ce domaine.

Les faits remontent au 16 novembre 2019, une époque qui paraît déjà lointaine, où les manifestations sportives se déroulaient selon le calendrier et avec un public. C’était il y a cinq mois. Des débordements violents, en marge du match de hockey entre Rapperswil et Gottéron, avaient débouché sur une lourde sanction: 83 personnes interdites de stade de football et de hockey pour au moins trois ans. La punition record, prononcée dix jours après les événements par la commission de l’ordre et de la sécurité de la National League et de la Swiss League, adepte d’une politique de tolérance zéro, frappait 61 supporters des Dragons présents dans un car affrété par les ultras Fribvrgensis et 22 Allemands qui les accompagnaient.

Protéger les innocents

«D’un côté, nous nous y attendions, mais, d’un autre, nous pensions qu’il y aurait un peu d’humanité», déclarait le président des Fribvrgensis après avoir pris connaissance de la sanction. «Des jeunes et des nanas nous accompagnaient. Ils n’y étaient pour rien. Comme ceux qui se déplaçaient pour la première fois. Nous allons étudier les moyens de recourir. Mais la Ligue s’est protégée afin de réduire au minimum les possibilités de le faire. Nous voulons défendre en priorité ceux qui n’y peuvent rien», ajoutait-il. Le président, qui tient à garder son anonymat, a tenu parole.

« La SIHF a voulu faire un exemple en accusant la plupart des supporters fribourgeois de multiples infractions pénales qu’ils n’ont pas commises »

Philippe Renz

«La SIHF a voulu faire un exemple en accusant la plupart des supporters fribourgeois de multiples infractions pénales qu’ils n’ont pas commises», pose l’avocat Philippe Renz, mandaté par le président des Fribvrgensis. «Tirer dans le tas contre des innocents est inadmissible», insiste l’homme de loi fribourgeois qui a déposé le 20 février à Zurich une plainte pénale à l’encontre de la SIHF pour dénonciation calomnieuse et atteinte à l’honneur. Puis, le 6 mars, une plainte civile a été déposée auprès du Tribunal d’arrondissement de la Sarine afin de faire lever les interdictions de stade. La police fribourgeoise a de son côté auditionné huit personnes pour déterminer qui a causé des dégâts à un portail et des toilettes à la patinoire de Rapperswil pour un montant de 20’000 francs. Le président des Fribvrgensis ne peut exclure qu’une ou deux personnes de son groupe aient contribué à endommager le portail en le secouant. «Ce serait intolérable. Mais nous attendons les résultats de l’enquête de police.»

Les autorités alertées

Enfin, Philippe Renz est intervenu auprès de la conseillère fédérale responsable des sports Viola Amherd en vue de l’adoption d’une pratique d’interdiction de stade qui soit crédible et respectueuse du droit. «Cette affaire a démontré que la SIHF n’en fait qu’à sa tête depuis des années en matière d’interdiction de stade et qu’il est temps qu’elle soit forcée de se calquer sur ce que font les instances du football en la matière», précise l’avocat. Philippe Renz cite notamment un exemple de 2019: un supporter seelandais s’est vu interdire de stades de foot et de hockey dans tout le pays pour une durée de deux ans pour s’être installé aux places assises avec un billet de place debout à la patinoire de Bienne. «L’affaire avait déjà fait grincer des dents jusque dans les travées du parlement.»

«L’Association suisse de football, au travers de ses règlements bien ficelés, accorde aux personnes concernées le droit de se défendre et d’être entendues. La SIHF est encore à l’âge de la pierre de ce côté-là», regrette l’avocat fribourgeois. Le dossier s’étoffe. Ceux qui n’ont rien fait le 16 novembre dernier et se retrouvent interdits de stade durant trois ans obtiendront-ils gain de cause?

Aucun commentaire

La SIHF confirme avoir reçu la plainte, mais ne fait aucun commentaire en raison de la procédure en cours. Affaire à suivre.


«Que la Ligue prenne ses responsabilités»

Philippe Renz explique les raisons qui l’ont incité à agir. L’avocat de 46 ans, spécialisé en droit de l’aviation et du sport, espère faire avancer la lutte contre le hooliganisme.

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